Reprise de Londres, où elle avait recueilli un certain succès durant l’été passé, l’exposition qui s’ouvre à Bruges constitue un panorama partiel de la peinture belge à la fin du siècle passé.
BRUXELLES (de notre correspondant) - Avec le Cercle des «XX» comme point central, l’exposition met en scène les différentes tendances qui se sont croisées à Bruxelles. Du Réalisme et de la critique sociale au Symbolisme, en passant par l’Impressionnisme et le Néo-impressionnisme – qui posent en Belgique le problème délicat du rapport à la France –, les courants majeurs de la peinture moderne entre 1880 et 1900 sont représentés.
La richesse de l’activité artistique bruxelloise ne peut masquer le fait qu’une large majorité des artistes réunis aux «XX» puis, à partir de 1894, à «La libre Esthétique», reprennent et interprètent les acquis d’une modernité qui se joue avant tout à Paris. Les influences se mêlent ainsi, sans qu’un provincialisme pourtant réel – que les intellectuels belges interprèteront au XXe siècle en terme de «belgitude» – ne vienne interférer.
En se tenant trop près des étiquettes que l’histoire de l’art aime coller aux mouvements artistiques, et en séparant trop manifestement les tendances picturales de cette époque, le catalogue se prive de la possibilité de réviser, pour la Belgique, la pertinence d’une vision qui tient à opposer la voie impressionniste à la vision symboliste, alors que Bruxelles offre avec un Van de Velde ou un Finch une vision symboliste du Néo-impressionnisme, et avec un Khnopff ou un Degouve de Nuncques une lecture symboliste du paysage.
L’ouvrage reste une bonne synthèse des mouvements de cette fin de siècle, même si l’on est en droit de regretter l’absence de toute pluridisciplinarité. La littérature reste ainsi l’absente majeure d’une histoire qui n’aurait pu se jouer sans elle.
Style et sensibilités individuelles
Ce que le catalogue, néanmoins intéressant, hésite à aborder, l’exposition, par nature, le réalise. La succession des œuvres offre une lecture qui échappe aux visions entendues. Leur réunion en un même espace permet de constater l’extraordinaire multiplicité des modes d’approche qui se sont ainsi imposés en l’espace de vingt ans. La notion de style, définitivement récusée, cède la place à des sensibilités individuelles qui explorent des voies parallèles et antagonistes. Si Khnopff et Ensor dominent la présentation, on découvre aussi des œuvres très réussies et moins connues, comme celles d’Evert Larock, de Georges
Le Brun ou de Charles Mertens. Une même sensibilité au problème du réel semble unir ces artistes : certains l’interrogent philosophiquement ou le fouillent visuellement, d’autres le critiquent socialement, quelques-uns s’y cherchent en vain ou le nient sans cesser d’y penser. Un tour d’horizon, incomplet et parfois approximatif, mais qui reste un plaisir pour le visiteur.
DU RÉALISME AU SYMBOLISME, L’AVANT-GARDE BELGE 1880-1900, Fondation Saint-Jean, Mariastraat, 38. Du 8 juillet au 15 octobre, de 9h30 à 18h tous les jours. Catalogue rédigé par Mary-Anne Stevens et Robert Hoozee, conservateur du Musée des beaux-arts à Gand, 296 p., 1 450 FB.
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L’avant-garde belge, d’une fin de siècle à l’autre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : L’avant-garde belge, d’une fin de siècle à l’autre