C’est une première pour le Victoria & Albert Museum de Londres : monter une exposition sur le thème de la… voiture.
Celle-ci rassemble quinze automobiles et quelque deux cent cinquante pièces – prototype, maquette, produit fini, photographie, peinture, dessin, film… – pour raconter la genèse de cet objet de design âgé d’à peine 130 ans, mais qui a tant marqué le monde. D’ailleurs, la présentation n’hésite pas à faire le grand écart : depuis ce que d’aucuns considèrent comme la première voiture « officielle » de l’histoire automobile – la Patent Motorwagen de Karl Benz, cru 1888 – jusqu’à une auto volante imaginée par le trio Italdesign/Airbus/Audi. Une multitude d’esquisses, bandes dessinées et autres films consacrés à la science-fiction évoquent les formes originales qu’a pu prendre ledit véhicule, comme la goutte d’eau (le Mobile Living Cell de Georgii Krutikov, 1928) ou la fusée. Côté matérialisation : le concept-car profilé Firebird 1, par exemple, s’il arbore un espace intérieur façon cockpit d’avion, ne décollera (heureusement) jamais du sol. Tous les modèles phares sont de sortie : la mythique Ford modèle T produite à partir de 1914, l’imposante Tatra T77 tchèque (1934), la Volkswagen [« automobile du peuple »] commandée, en 1937, par Adolf Hitler au designer Ferdinand Porsche, la Paykan voulue par le Shah d’Iran, jusqu’à ce coupé Chevrolet Impala Convertible datant de 1962, qu’un artisan et artiste latino de Californie, Tomas Vasquez, a personnalisé cinq ans durant (2013-2018). Un bijou. Ce parcours décortique à l’envi la saga de l’automobile en termes esthétique, social et politique. Pour les organisateurs, la voiture n’est ni plus ni moins que « la force motrice qui a permis d’accélérer le rythme du XXe siècle ». Dont acte.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : L’automobile dans tous ses états