Industrieux, prospère, raffiné, le royaume mérovingien de l’Austrasie refait surface au Musée d’archéologie nationale.
Saint-Germain-en-Laye. L’Austrasie (littéralement « le royaume de l’Est »), royaume issu du partage des territoires de Clovis en 511, ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il est tombé au fil des siècles. Grâce à des découvertes récentes, depuis les années 1970, entre l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la France, archéologues, chercheurs et historiens se penchent sur ce royaume de l’Est et ses singularités, sorte d’Europe médiévale précoce.
Le Musée de Saint-Dizier dans la Haute-Marne, le Musée d’archéologie nationale (MAN) de Saint-Germain-en-Laye et l’Institut national de recherches archéologiques préventives ont pris le sujet à bras-le-corps pour construire une exposition tout à fois riche, complexe et pédagogique, fruit d’une synthèse scientifique et de nombreux prêts français et étrangers. En quelques sections thématiques, le parcours aborde la ruralité et l’urbanisme, la hiérarchisation de la société, le commerce et l’économie pour montrer que l’Austrasie, qui échut au fils aîné de Clovis, Thierry Ier, est au cœur de l’Europe, entre Trèves, Cologne et Reims. C’est d’ailleurs d’Austrasie que viendront Charles Martel et ses descendants, les rois carolingiens. Les populations de l’Austrasie, souvent de cultures et de langues différentes, ont peu à peu forgé une communauté bénéficiant d’un essor économique.
L’ambon, un chef-d’œuvre
Dans l’exposition, cette prospérité est signifiée tant par les objets du quotidien que par les attributs des élites. Armes extraordinairement travaillées, bijoux minutieusement ciselés, mais aussi vaisselle usuelle et outils d’artisan témoignent d’une maîtrise des techniques. Au rang des chefs-d’œuvre figure l’ambon de l’abbaye Saint-Willibrord à Echternach, prêté par le Musée national d’histoire et d’art de Luxembourg. Ces deux plaques de calcaire corallien formaient la tribune d’où étaient lus des passages de la Bible durant la messe. Hautes de 1,20 m et datées du début du VIIIe siècle, leur décoration d’entrelacs et les restes de polychromie renvoient au travail de décor des scriptoriums de l’époque dans la région luxembourgeoise.
Au milieu du VIIIe siècle, les Carolingiens réunissent le royaume de Clovis, dissolvant du même coup l’Austrasie et altérant la mémoire des Mérovingiens à travers des récits subjectifs sur « les rois fainéants ». À Saint-Germain, l’histoire reprend ses droits sur l’historiographie.
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L’Austrasie mise au jour
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 2 octobre, Musée d’archéologie nationale, château-place Charles-de-Gaulle, 78100 Saint-Germain-en-Laye.
Légende Photo :
Ambon, ancienne église abbatiale de Saint-Willibrod à Echternach, Luxembourg, fouilles de 1951 dans la basilique d’Echternach, début du VIIIe siècle, calcaire corallien © Musée national d’Histoire et d’Art de Luxembourg.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°481 du 9 juin 2017, avec le titre suivant : L’Austrasie mise au jour