Art Contemporain - Dans la forêt du mont Sainte-Odile, dans les Vosges, serpente un étrange mur de pierres irrégulières de plusieurs kilomètres.
Construit il y a plusieurs siècles, ce mur d’enceinte est recouvert de mousse. Enceinte défensive ou cultuelle ? Nul ne sait le dire aujourd’hui. Ce mur « païen » a inspiré à Laurent Grasso (né en 1971) une exposition qui se présente comme une installation. Actuellement présentée au collège des Bernardins, cette exposition est composée de nouvelles peintures de la série Studies into the Past, de sculptures et d’un film (Anima), l’un des plus touchants de l’artiste. Accrochées sur la forêt de piliers de la grande nef des Bernardins, les peintures d’un autre âge réalisées dans le style de la Renaissance flamande montrent des intérieurs religieux gothiques dans lesquels se déroulent d’étranges phénomènes, pluies de flammèches et nuages en suspension. Elles rappellent au visiteur que l’artiste travaille sur les phénomènes scientifiques et inexpliqués, comme sur les croyances religieuses et païennes. Aux murs de la nef, Laurent Grasso expose une série d’arbres stylisés en bronze et en néon, dont les fruits sont des yeux (Panoptes) figurant « un état de conscience se diffusant dans la matérialité du monde ». Si ces sculptures sont anecdotiques, la pièce majeure de l’exposition est présentée au cœur des Bernardins : Anima est un film tourné dans la forêt du mont Sainte-Odile. Durant un peu plus de 18 minutes, la caméra haute résolution suit, tel un esprit errant, le mur « païen » le long duquel poussent des arbres aux étranges dessins – signe, peut-être, d’une force tellurique à l’œuvre sur le site. Entre des flammes surgissant des feuillages, un renard apparaît avant de déguerpir, laissant la place à un homme parti à la recherche d’un mystérieux nuage flottant au milieu des bois et des rochers. « L’étrange tranquillité du film fonctionne comme un long dimanche sans fin, écrit Grégory Quenet, commissaire de l’exposition, celui d’un futur qui est déjà là, dans notre dos et devant nous. » Envoûtante, l’exposition ne perce pas le mystère du site, mais elle nous fait toucher des yeux celui de l’art.
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Laurent Grasso
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : Laurent Grasso