Après avoir présenté au pavillon français de la Biennale de Venise son dispositif immersif Vois ce bleu profond te fondre,œuvre d’art globale mélangeant les pratiques (installation, collecte d’objets, dessin, photographie, vidéo…), la plasticienne nomade Laure Prouvost, lauréate du Turner Prize en 2013, rejoue cette installation sculpturale aux Abattoirs de Toulouse en l’adaptant au lieu.
Il s’agit de la première étape de la tournée inédite du Pavillon français 2019, qui sera également présenté, à partir de juillet prochain, au LaM de Villeneuve-d’Ascq, région dont l’artiste est originaire (Laure Prouvost est née en 1978 à Croix). À Toulouse, c’est avec plaisir que l’on déambule dans un antre tentaculaire plongé dans l’obscurité afin d’y découvrir, parmi des objets hétéroclites surréalistes, un film déjanté relatant un road-trip carnavalesque porté par Laure en compagnie de quelques contributeurs divers (magicien, danseur, musicien…) à travers la France via Nanterre, Roubaix et le Palais idéal du Facteur Cheval pour aboutir, in fine, au pavillon français de la Biennale de Venise. Mais cette exposition libertaire et aventureuse de Prouvost, se voulant tel un chemin de traverse fusionnant réalité et fiction, se trouve ici singulièrement court-circuitée, au rayon fantaisie et « marabout de ficelle », par la manifestation chorale concomitante : « Viva Gino ! Une vie dans l’art » (jusqu’au 23 août). Exposition foutraque qui se penche sur l’excellente collection de Gino Di Maggio, adepte du fameux adage d’Allan Kaprow « l’art et la vie confondus », et dévoile aux Abattoirs des pièces dada et Fluxus, signées Ben, Cage, Manzoni, Spoerri et autres Ono, au potentiel iconoclaste des plus ravageurs ! La concurrence, pour Laure Prouvost, est de taille.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Laure Prouvost face à la concurrence aux Abattoirs