On ne pourra pas faire cette fois grief au Musée d’Orsay d’avoir choisi un sujet racoleur ou galvaudé. Au contraire, il faut une certaine dose d’audace pour porter aux nues un illustre inconnu.
Presque totalement oublié en France, la Suisse lui ayant été plus fidèle, Charles Gleyre s’affiche dans le temple des impressionnistes. Artistes qui, ironie de l’histoire, furent pour beaucoup formés dans son atelier parisien. Une filiation qui lui a été calamiteuse, la comparaison entre ses créations et celles de Renoir, Sisley et Bazille, l’ayant fait apparaître comme un parangon de l’académisme. Un jugement hâtif que cette rétrospective, la première dans un musée national, invite à corriger. Car Gleyre n’est pas un pompier parmi d’autres, contrairement à Bouguereau ou Cabanel, il ne cherche pas à séduire, à aguicher. Sous des dehors assez classiques, dus à sa facture lisse et à son répertoire mythologique, il emprunte une voie personnelle qui a dérouté ses contemporains, tant par la violence des épisodes représentés que par le choix de sujets confidentiels ou la présence de détails incongrus. Le chien de la famille lèche ainsi le mollet du fils prodigue, tandis que Minerve nous fixe de son regard halluciné et que les allégories ventripotentes du château de Dampierre nous toisent. Enfin, quelle singularité dans sa vision des âges préhistoriques. Gleyre s’aventure en effet à imaginer des dinosaures ailés et des anges du Déluge planant sur un paysage antédiluvien, comme il ne s’en était jamais peint auparavant.
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L’audacieux Charles Gleyre
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris-7e, www.musee-orsay.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : L’audacieux Charles Gleyre