TROYES
Le département de l’Aube et l’Inrap coproduisent une exposition riche et pédagogique, avec pour attraction principale le mobilier de la tombe de Lavau, découverte en 2014.
Troyes. Une coproduction entre le département de l’Aube et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), la supervision d’un comité scientifique réunissant une quinzaine de personnalités, universitaires, archéologues, conservateurs : sur le papier, l’exposition « ArkéAube. Des premiers paysans au prince de Lavau » porte le sceau du sérieux scientifique, attesté par un catalogue de 500 pages pourvu d’essais récents sur l’archéologie de la région.
À l’Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes, ce travail de fond devient une exposition claire et pédagogique, centrée sur des objets de grande qualité et illustrant les spécificités d’un territoire. Trois espaces successifs déroulent le Néolithique, l’âge de bronze puis l’âge de fer, dans une scénographie marquée par les élégantes aquarelles de l’illustrateur Benoît Blary.
On y apprend beaucoup sur la manière dont les premières populations se sont sédentarisées dans cette région, entre les bras de la Seine et de l’Aube, carrefour naturel d’échanges ; on découvre aussi à quel point la mondialisation et le développement économique sont dès l’âge du bronze à l’œuvre. Quelques prêts emblématiques, comme les monumentales cuirasses des Marmesse, en Haute-Marne (venues du Musée d’archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye) sont évocateurs pour le grand public et les non-érudits. Mais le clou du spectacle est l’exposition, pour la première fois depuis sa découverte en 2014, du mobilier de la tombe celte du prince de Lavau. Tout juste sorties des laboratoires du C2RMF, les pièces restaurées impressionnent par leur richesse et leur qualité. La finesse de la parure de ce « prince » révèle une société très hiérarchisée aux alentours du Ve siècle av. J-C. et permet de réévaluer le phénomène des principautés celtiques en Europe occidentale. Le trésor, dont les pièces seront présentées par roulement, est à découvrir jusqu’en décembre, avant que l’exposition ne rouvre au printemps pour six mois supplémentaires.
Jusqu’au 30 décembre 2018, Hôtel-Dieu-le-Comte, rue de la Cité, 10000 Troyes
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°505 du 6 juillet 2018, avec le titre suivant : L’Aube, territoire d’archéologie