Pour ses dix ans, le musée des Beaux-arts du Liechtenstein s’offre un anniversaire en forme de leçon historique, à partir de quarante œuvres issues de sa collection, en écrivant l’histoire de l’Arte Povera italien entre 1967 et 1972.
« Che fare ? » rassemble cent trente œuvres en quatre pôles thématiques. Le temps s’assemble avec la terre, la géologie et l’histoire dans un premier groupe puis viennent les processus de transformation chevillés aux domaines de l’énergie, de l’alchimie et des sciences.
L’image se réserve à elle seule une section. Enfin, le corps et l’action constituent le quatrième registre de compréhension de ce mouvement apparu en 1966 entre Turin et Rome. L’exposition de Vaduz s’est choisi un cadre chronologique plus serré par rapport à d’autres expositions qui avaient dernièrement préféré démarrer l’histoire dès 1962.
Ici c’est « Arte Povera in spazio » organisée par Germano Celant en 1967 à la galerie génoise La Bertesca qui sert de point de départ. Le critique y donna sa définition du mouvement dans le manifeste « Arte Povera, appunti per una guerriglia » : « Le choix d’une expression libre engendre un art pauvre, lié à la contingence, à l’événement, au présent, à la conception anthropologique, à l’homme “réel” (Marx). C’est là un espoir, un désir réalisé de rejeter tout discours univoque et cohérent […]. Il s’agit d’une nouvelle attitude qui pousse l’artiste à se déplacer, à se dérober sans cesse au rôle conventionnel, aux clichés que la société lui attribue pour reprendre possession d’une “réalité” qui est le véritable royaume de son être. »
L’extrême hétérogénéité plastique et esthétique du groupe reste troublante. Des fantaisies d’un Pino Pascali aux structures givrantes et ascétiques de Paolo Calzolari, l’Arte Povera offrait des personnalités multiples mais une même ambition de libérer l’art, de rapprocher le spectateur de l’œuvre dans un temps animé. Les œuvres immuables et immobiles n’avaient pas leur faveur. Prosaïques, défraîchis, simples, leurs matériaux dits pauvres visaient à une amplification sociale de l’art. Une éthique qu’on a bien souvent tendance à minorer derrière l’esthétique du dénuement et de l’authenticité.
« Che fare ? » s’emploie avec raison à constituer une section documentaire relayée dans le catalogue par une large place faite aux documentations photographiques. Une volonté de révélation au pays du secret bancaire.
« Che fare ? Arte Povera, les années historiques », Kunstmuseum, Städtle 32, Vaduz (Liechtenstein), www.kunstmuseum.li, jusqu’au 5 septembre.
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L’art pauvre vu du Liechtenstein
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°625 du 1 juin 2010, avec le titre suivant : L’art pauvre vu du Liechtenstein