Le titre de l’exposition, « Ceci n’est pas un portrait », sonne d’abord comme le message subliminal d’un célèbre tableau surréaliste, puis le sous-titre donne la clé, les « Figures de fantaisie » étant de pure imagination tandis que le portrait est une œuvre inspirée par la vie réelle.
C’est la première fois que les figures de fantaisie sont envisagées comme une entité distincte et font l’objet d’une exposition. Quatre-vingt-deux tableaux sont réunis au Musée des Augustins pour évoquer cet art singulier, en marge des courants et des classifications de l’histoire de l’art. L’exposition traite des deux siècles de peinture, entre le XVIe et le XVIIIe, durant lesquels la figure de fantaisie se développe dans toute l’Europe, elle représente huit écoles de peinture et couvre tous les genres : histoire, portrait, scène de genre ou allégorie. La plupart des signatures sont prestigieuses comme celles d’Annibal Carrache, Jordaens, Van Dyck, Hals, Murillo, Giordano, Fragonard, Tiepolo, Greuze, mais aussi Sweerts, Dosso Dossi, Schalcken, Piazzetta, Grimou, Ceruti, Morland… D’autres sont anonymes mais, dans le cas présent, toutes les œuvres sont présentées de façon équivalente, sans chronologie, sans privilège particulier pour une école, un artiste ou pour un genre, quel qu’il soit. La plupart des portraits sont montrés en gros plan, dans un décor minimal, afin que l’attention se porte sur l’attitude et l’état psychologique du personnage, dans toutes ses nuances et sa complexité. Le corpus de ces figures est organisé en huit sections thématiques qui mettent en exergue la créativité et surtout l’étonnante cohérence de cette peinture au fil des époques. Des Jeux de regards ambivalents des courtisanes ou implorants des mendiants qui sollicitent le spectateur aux rêveries poétiques des Dormeurs épuisés ou paresseux, en passant par les Musiciens absorbés dans leur jeu ou conscients de leur public, du Visage parcheminé d’un vieillard ou celui translucide d’une jeune fille, des Rires et sarcasmes d’anonymes, étranges jusqu’à la folie, jusqu’au costume éblouissant d’un Garçon au turban et celui, somptueux, d’un Cavalier assis près d’une fontaine de Fragonard, cette exposition est l’occasion de découvrir un art libre.
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L’art libre du portrait
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des Augustins, 21, rue de Metz, Toulouse (31), www.augustins.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°687 du 1 février 2016, avec le titre suivant : L’art libre du portrait