PARIS - « On a cherché en vain la suite de l’exposition » peut-on lire dans le livre d’or placé à la fin de « Kazakhstan – Hommes, bêtes et dieux de la steppe ».
Deux petites salles des Galeries du Panthéon bouddhique, antenne du Musée Guimet à Paris, semblent en effet bien insuffisantes pour accueillir le patrimoine d’un pays grand comme cinq fois la France. Surtout lorsqu’il s’agit de la première présentation consacrée à la culture et à l’art kazakhs à Paris. Le visiteur, attiré par de grandes affiches et l’immensité suggérée par le titre, est en droit d’être déçu par ce que la commissaire et conservatrice en chef du Musée Guimet, Marie-Catherine Rey, a défini comme une « exposition introductive ». Dans la préface du catalogue, le président de l’institution parisienne, Jacques Giès, semble s’excuser d’avoir monté cette exposition aussi rapidement, arguant d’ « un délai très court qui s’accorde avec la visite d’État du président Nursultan Nazarbaev. » Née du souhait du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, la démonstration, qui s’organise autour de prêts du Musée central de la République du Kazakhstan à Almaty, consacre le lancement d’une politique d’échanges culturels et scientifiques entre la France et le Kazakhstan, pays dont les relations se sont accrues depuis quelques années.
Cette manifestation diplomatique rend tour à tour compte des « hommes, bêtes et dieux de la steppe », en suivant le fil du nomadisme des populations kazakhes, une notion qui aurait gagné à être présentée dans un espace moins étriqué. Les fouilles ont révélé une évolution de la société kazakhe de la sédentarité agraire au nomadisme pastoral à partir des XIIe-XIe siècles av. J.-C. – ce dont témoignent les pétroglyphes à décor de chariot et de chevaux (XIIe-VIIIe siècles) retrouvés dans la région d’Almaty – jusqu’à l’adoption du nomadisme comme système socioculturel dominant aux VIe-VIIIe siècles. Cette mutation définitive s’est accompagnée de la mise au point de la yourte en feutre démontable, refuge du sacré, qui rythme encore aujourd’hui le paysage des steppes. La démonstration met en évidence le lien étroit entre homme et animal. Les Kazakhs ont développé un vocabulaire décoratif zoomorphe qu’ils déclinent sur leurs pièces orfévrées. Les appliques de vêtements en or des trésors de Zhalauly et de Chilikty (VIIIe-VIe siècles av. J.-C.) prennent la forme de mouflons, de daims et de panthères. Sans oublier le cheval, acteur essentiel de la vie nomade. Le rouleau Qazak présentant en tribut leurs chevaux à l’empereur Qianlong (1757), peint par le jésuite Giuseppe Castiglione, témoigne du lien indissociable entre l’homme des steppes et sa monture, au regard des populations limitrophes. Les dieux, enfin, sont légion. L’immense territoire du Kazakhstan, placé sur la route de la soie, fut soumis à de multiples influences religieuses, ce dont témoigne la cohabitation au sein de la steppe d’inscriptions sodgiennes et de monuments funéraires musulmans. Mais déjà l’exposition s’achève. Comme l’indique justement Marie-Catherine Rey, « le Kazakhstan apparaît comme une page encore à écrire ».
Jusqu’au 31 janvier, Galeries du Panthéon bouddhique, 19, avenue d’Iéna, 75016 Paris, tél. 01 40 73 88 00, www.guimet.fr, tlj sauf mardi 9h45-17h45. Catalogue, coéd. Guimet, 175 p., 35 euros, ISBN 978-2-8549-5435-7
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L’art kazakh par la petite porte
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Abonnez-vous dès 1 €Commissariat : Marie-Catherine Rey, conservatrice en chef du Musée Guimet
Nombre d’œuvres : 130
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°338 du 7 janvier 2011, avec le titre suivant : L’art kazakh par la petite porte