De Picasso à Paolini, de Savinio à Cucchi, de nombreux artistes sont intervenus dans le domaine du théâtre et des arts de la scène, à l’image encore dernièrement d’Olivier Debré au Théâtre des Abbesses à Paris. Aussi le Castello di Rivoli présente-t-il à juste titre, cet hiver, un bel ensemble de rideaux de scènes, de costumes et de scénographies conçus par des plasticiens.
RIVOLI - Le rideau de scène de Savinio, réalisé en 1949 pour Les Contes d’Hoffmann représentés à la Scala, accompagne au second étage du Castello deux petites tentures et maquettes de théâtre par l’éclectique Dioscure, ainsi qu’un rideau de Picasso. En 1936, en effet, pour célébrer la fête nationale, le gouvernement du Front Populaire commanda à l’artiste catalan un rideau de scène pour Le Quatorze juillet, drame de Romain Rolland que l’on devait jouer à l’Alhambra, alors Théâtre du Peuple. Parmi les commanditaires se trouvaient Jean Zay, ministre de l’Instruction publique et des beaux-arts, ami de Picasso, et le critique et historien de l’art Jean Cassou. Picasso choisit une allégorie, La dépouille du Minotaure en costume d’Arlequin, sujet d’une petite gouache antérieure. Pour la réalisation à l’échelle d’un rideau de scène, le peintre se fit assister de Louis Fernandez qui réalisa un véritable tour de force, apprécié à sa juste valeur par Picasso, en agrandissant à huit mètres sur treize la création originale.
Cet ensemble est complété par des projets et ébauches de Chirico conçus pour La Jarre de Pirandello, sur une musique de Casella (1924), Les Puritains (1933), Le Théâtre d’Athènes (1937) et Iphigénie (1951). Les cinq minutes fatidiques de "géométrie-musique-lumière-mouvement" du ballet sans danseurs de Giacomo Balla – ces Feux d’artifice représentés en 1917 au Teatro Costanzi de Rome – sont reconstitués ici dans la mise en scène de l’opéra, avec leurs lumières, spirales et ondes. L’artiste contemporain Giulio Paolini, qui développe un travail sur les outils artistiques et sur la rhétorique comme discipline de l’expression, a conçu une installation en trois phases sur le concept de scène. L’élément central est un décor de théâtre qui se déploie sur un mur de dix mètres. Deux autres œuvres du même auteur constituent le rideau de scène et la toile de fond du théâtre rattaché au Castello. La dernière réalisation théâtrale de Paolini remonte à 1989, avec les décors et les costumes des Géants de la montagne de Pirandello (mise en scène de Carlo Quartucci). L’exposition présente également une version sur toile du rideau de scène qu’Enzo Cucchi vient tout juste d’exécuter pour le théâtre La Fenice de Senigallia, œuvre à supports multiples qui met en jeu des projections lumineuses. Ce thème du rideau de scène a connu un renouveau en France ces dernières années. Ainsi ont été réalisés à Paris ceux d’Olivier Debré à la Comédie Française (1987), de Cy Twombly à l’Opéra Bastille (1989), de Jean-Paul Chambas au Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet (1990), et d’Edward Allington au Grand Rex (1993).
AUTOUR DU THÉÂTRE, jusqu’au 25 mars, Castello di Rivoli, Piazza del Castello, Rivoli, tél. 958 15 47, tlj sauf lundi 10h-17h, sam.-dim. et fêtes 10h-19h. Catalogue publié par Charta.
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L’art entre en scène
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : L’art entre en scène