Pour sa première exposition personnelle dans une institution publique parisienne, Camille Henrot, âgée de 36 ans, présente une grande installation au centre d’art et de recherche Bétonsalon.
Cette jeune plasticienne, depuis qu’elle a reçu le Lion d’argent à la Biennale de Venise en 2013 pour son film Grosse Fatigue, qui évoquait ni plus ni moins l’origine du monde, a le vent en poupe. Avec l’installation The Pale Fox, qui s’inspire du texte éponyme de Marcel Griaule sur les Dogons, Henrot poursuit sa démarche d’artiste archiviste cherchant à faire sortir l’art de son landerneau pour l’ouvrir à l’anthropologie et à l’ethnologie. Son « Renard pâle » est un environnement immersif proposant une constellation d’images, de sculptures et d’objets divers, qui, exposés ensemble, se jouent de mille contradictions : cette impression de « fourre-tout », où l’être humain s’apparente à un chercheur ordonnant à tout prix, est en fait une parabole pour tourner en dérision le système de classification de l’homme occidental visant toujours à appréhender la globalité ; chez les Dogons, le Renard pâle, qui incarne le désordre mais aussi la créativité, est, précise l’artiste, « un antidote à l’esprit d’un tel système ». Malgré sa veine documentariste, Camille Henrot n’en oublie pas pour autant d’être plasticienne en soignant l’esthétique de sa proposition. Sur un fond bleu roi, l’œil du regardeur glisse allègrement du monde informatique aux objets domestiques (on pense souvent aux Mackintoshages de Raymond Hains), et c’est in fine à nous, en tant que « visiteurs fouineurs », de s’approprier ce terrier pour en trouver toutes les pépites.
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L’art du sample selon Camille
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Abonnez-vous dès 1 €« Camille Henrot, The Pale Fox », Bétonsalon, 9, esplanade Pierre-Vidal-Naquet, Paris-13e, www.betonsalon.net
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : L’art du sample selon Camille