PARIS
Technique de gravure sur cuivre, la “chalcographie” désigne également l’institution fondée en 1797 qui inventoria le fonds de planches et gravures du Musée du Louvre et ne cessa de l’enrichir de nouvelles commandes. À travers quelque 80 cuivres et estampes de ce vaste ensemble, exposés aux côtés de tirages récents, le Louvre dévoile au public un aspect moins connu de ses collections.
PARIS - Ayant hérité des fonds du Cabinet du Roi et de l’Académie royale de peinture et de sculpture (supprimée en 1793), le Directoire fonde en 1797, à Paris, la Chalcographie du Musée du Louvre. L’institution survit aux grands bouleversements politiques français du XIXe siècle et continue d’enrichir sa collection de planches et de gravures. Celle-ci compte aujourd’hui plus de 13 000 pièces. Pascal Torres Guardiola, conservateur au département des Arts graphiques du Louvre, a sélectionné quatre-vingts d’entre elles, pour les exposer aux côtés des tirages qui leur correspondent – ces derniers ont été réalisés récemment selon les techniques traditionnelles de l’impression en taille-douce. Cette double présentation de cuivres et d’estampes permet aux visiteurs d’étudier en détail le savoir-faire des graveurs et de saisir au mieux l’ampleur de la collection. Les premières pièces présentées s’inspirent de grands classiques, comme La Belle Jardinière de Raphaël, réinterprétée par Auguste Boucher-Desnoyer, ou les Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt, un des rares exemples de reproduction de tableaux hollandais, exécuté par Johannes Peter de Frey. En majorité, les graveurs s’intéressaient plutôt aux artistes italiens : Raphaël, mais aussi Andrea Solario (La Vierge au coussin vert), Lionello Spada (Le Retour de l’Enfant prodige), Le Guerchin (L’Incrédulité de saint Thomas) ou Louis Carrache (Vierge à l’Enfant). Les planches du recueil du Sacre de S. M. l’Empereur Napoléon, dans l’Église Métropolitaine de Paris, le 11 frimaire, an XIII... (Georges Malbeste d’après Charles Percier) illustrent parfaitement les grands sujets de la commande officielle sous l’Empire : sacres, mariages, monuments ou élévations, des thématiques proches de celles de l’Ancien Régime. En témoignent les planches provenant du Cabinet du Roi, telle la série des quatre gravures monumentales signée Gérard Audran, qui reprennent les célèbres compositions de Charles Le Brun réalisées à la gloire de Louis XIV, La Bataille d’Arbelles (1674), ou, du même auteur, la Coupole du Val-de-Grâce. La Sainte Trinité et ses principaux mystères, d’après la peinture de Pierre Mignard. Fort hétéroclites, les dernières œuvres attestent d’une grande disparité quant à la politique d’acquisition du Louvre depuis la IIe République (1848) jusqu’à nos jours. Blind Time VI (Temps aveugle VI) de Robert Morris (commandé en 1997), ou Résonance, de Philippe Favier (commandée en 2000), font partie des acquisitions récentes du musée qui, de concert avec la Réunion des Musées Nationaux (RMN), a instauré depuis 1990 un dispositif de commande à des artistes contemporains. Geneviève Asse, Georg Baselitz, Pierre Courtin, Pat Steir, Pierre Alechinsky ou Louise Bourgeois sont ainsi venus enrichir le fonds de la Chalcographie, témoin indispensable des œuvres passées et à venir.
Jusqu’au 14 avril, Musée du Louvre, salle de la Chapelle, aile Sully, tél. 01 40 20 51 51, tlj sauf mardi, 9h30-17h30 et 9h30-21h30 le mercredi. Catalogue, RMN, 145 p., 35 euros.
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L’art de la multitude
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Abonnez-vous dès 1 €Photographe, architecte et cinéaste, Jean-Christophe Ballot a immortalisé, dans les années 1990, différentes étapes du chantier du Grand Louvre, à travers une série de clichés actuellement exposés au Musée du Louvre, à Paris (jusqu’au 29 septembre). Entre destruction, démontage et réinstallation, il nous dévoile les surfaces éventrées du musée, les bâtiments réaménagés, avec des murs privés de tableaux, des vitrines dans l’attente d’objets précieux ou des salles à moitié vides peuplées d’étranges sculptures sur le départ. Réalisées de nuit, d’autres photographies plus récentes viennent enrichir l’ensemble. On y découvre L’Hermaphrodite endormi, célèbre statue antique de la collection Borghèse, Artémis du type Rospigliosi (copie romaine Ier-IIe siècle) ou, dans l’appartement de Napoléon, un Enfant jouant avec une tortue (1853) de Pierre Hébert, des œuvres auxquelles la lumière artificielle et l’œil du photographe semblent donner vie.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°164 du 7 février 2003, avec le titre suivant : L’art de la multitude