L’art dans la ville

Événement annuel lancé par le président du Sénat Christian Poncelet, « Art Sénat » en est à sa sixième édition. Segmentée entre l’exposition dans l’Orangerie (terminée en juin) et les interventions in situ dans le jardin du Luxembourg, cette manifestation s’était souvent avérée inégale. 2005 sera-t-elle l’occasion d’un pas en avant avec le choix du critique d’art Jean-Luc Chalumeau comme commissaire d’exposition ? Celui-ci a choisi de filer le thème rebattu de l’art et la ville. Une problématique à l’œuvre dans ses deux derniers livres, mais usée jusqu’à la corde par critiques d’art et politiciens dans les années 1990.
Dans la partie jardin, le peintre de la figuration narrative Gérard Fromanger fait office de guest star. Pour l’occasion, il réactive les Souffles de 1968, demi-sphères en Altuglas, transparentes et colorées dans la masse. Ces grandes bulles offrent l’occasion aux passants de voir leur propre image en anamorphose. En contrepoint, la parole est donnée à des artistes parfois trentenaires. Un écho s’établit alors avec une « peinture en plein air », sous une pellicule d’eau, de Sophie Pigeron. Dans un esprit aussi aquatique, Aurélie Slonina pose de son côté un aquarium contenant une ville transparente à la surface de la fontaine Médicis. Ces interventions adaptées à chaque fois à la particularité du site changent de l’esprit peinture-peinture, perceptible le mois dernier dans l’Orangerie. Plus modernes que postmodernes, les artistes de cette cuvée sont supposés refuser « la dérision et le nihilisme et traduisent une haute idée de la mission de l’artiste dans la société. » À trop fuir le désenchantement, on risque de frôler parfois la naïveté. Ou la fraîcheur. Au choix.