MARSEILLE
Si le hasard est un voyage infini, il a toutefois fait escale à Marseille en 1940, où les surréalistes se sont croisés, fortuitement, pour inventer des jeux de… hasard.
Rien d’étonnant donc à ce que la ville se penche aujourd’hui sur le sujet pour étudier son influence dans l’art. La question se cristallise dès l’époque romantique, moment fondateur où les artistes identifient le hasard dans le processus de la création artistique et lui donnent une valeur transcendantale. Elle se poursuit jusqu’à nos jours avec une linéarité telle que le Centre de la Vieille Charité a décidé de faire également la part belle aux artistes d’aujourd’hui qui placent ce sujet au cœur de leur travail. L’exposition s’articule donc en deux parties : une centaine d’œuvres de 1850 à 1980 présentées au Centre de la Vieille Charité, et une cinquantaine de créations contemporaines exposées à la Friche la Belle de Mai. Organisé de manière chronologique, le parcours de la Vieille Charité s’attache à faire émerger les différentes techniques expérimentées et, ainsi, à montrer comment l’artiste se dégage de sa propre volonté de création pour la déléguer au hasard. On observe alors trois lignes directrices : le hasard contrôlé (chez Marcel Duchamp, par exemple), le hasard accidentel (qui trouve son origine chez Victor Hugo, où la tache peut donner naissance à des paysages fabuleux), et le hasard « mathématique », que l’on trouve dans une œuvre de Richter composée de 4 900 couleurs réparties de manière aléatoire. À noter la tenture d’Adrien Vescovi, commandée pour l’occasion, qui fait le lien entre le Centre de la Vieille Charité et la Friche la Belle de Mai, dont c’est, comme par hasard, la première association.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : L’art, comme par hasard