La civilisation maya a couvert la bagatelle de 325 000 km2, soit plus de la moitié de la France, débordant les frontières modernes de cinq pays de l’Amérique centrale, mais les pièces montrées dans l’exposition du Quai Branly proviennent des seules collections du Guatemala. Traditionnellement, la culture ancienne des Mayas est surtout connue par les artefacts mexicains provenant de la péninsule du Yucatán ou encore du Tabasco ou du Chiapas. Mais l’invraisemblable crise diplomatico-culturelle avec le Mexique, dont la France s’est rendue responsable, a durablement compromis toute coopération avec les musées nationaux de ce pays. La Pinacothèque de Paris, qui devait présenter cet été une série de masques de jade funéraires, a dû annuler à la dernière minute son ouverture. Le Quai Branly a eu plus de chance en faisant appel au Guatemala.
L’idée de cette manifestation est cependant bien antérieure à cette lamentable affaire. Il a fallu un an et demi pour monter cette exposition dont le coût, selon Hélène Fulgence, du Quai Branly, « se situe entre 200 000 et 300 000 euros ». Un an plus tôt, l’ambassadrice de France au Guatemala, Michèle Ramis-Plum, avait invité Stéphane Martin à visiter le grand site d’exploration archéologique d’El Mirador. Un endroit au nord, près de la frontière mexicaine, accessible seulement par hélicoptère (ou après une bonne cinquantaine de kilomètres de marche, à croiser serpents et araignées). Dans ce bassin enserré entre des collines, les archéologues mettent au jour une véritable cité-État, dont la grande pyramide dépasse les 55 m de hauteur. Selon Richard Hansen, responsable des fouilles d’une cinquantaine de villes dans le nord, certaines « sont les plus importantes jamais trouvées à cette époque dans l’hémisphère occidental ».
En projet, un Mirador écotouristique
Décrétée réserve de la biosphère par l’Unesco, la région de Miramar forme la plus grande aire protégée d’Amérique centrale. Un projet de désenclavement pour permettre le développement d’un « écotourisme » a été contesté par des écologistes. Pour cet archéologue américain, responsable des fouilles, il serait au contraire le meilleur moyen d’assurer la protection et la restauration du patrimoine, en assurant des revenus touristiques au pays et aux habitants. Il veut cependant limiter l’accès à un petit train. Il souligne aussi que les fouilles se veulent minimales, n’explorant que la façade d’un monument, en laissant les trois autres pans gagnés par la jungle.
En fait, Stéphane Martin n’était pas enthousiaste à l’idée d’une exposition centrée sur un seul site. Le point de vue a changé quand le jeune directeur du Musée national d’archéologie et d’ethnologie de la capitale, Juan Carlos Meléndez Mollinedo, lui a ouvert les portes. Le prêt de 160 numéros de ses collections, dont une dizaine de trésors nationaux, parut suffisamment généreux pour justifier la présentation parisienne, la première du genre.
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L’arrière-goût amer de « L’année du Mexique »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°638 du 1 septembre 2011, avec le titre suivant : L’arrière-goût amer de « L’année du Mexique »