Parallèlement à la publication d’un catalogue raisonné, le Musée Condé à Chantilly expose la collection d’antiques constituée par le duc d’Aumale. Bon exemple d’un cabinet d’amateur au XIXe siècle, cette collection se distingue particulièrement par les pièces pompéiennes.
PARIS - La réputation de collectionneur du duc d’Aumale (1822-1897) n’est plus à faire, et le Musée Condé, qui a hérité de ses trésors, s’attache à en faire connaître l’infinie richesse à travers ses expositions. À côté des peintures, des dessins et des manuscrits, Henri d’Orléans avait réuni un ensemble éclectique d’antiques, qui constitue un bon exemple de ce que pouvait être un cabinet d’amateur au XIXe siècle. La présentation intégrale de cette collection accompagne la publication du catalogue raisonné. Après quelques pièces proto et préhistoriques et une série de statuettes égyptiennes caractéristiques de la spiritualité de la Basse Époque, les œuvres grecques constituent un premier ensemble digne d’intérêt. Les fouilles de la nécropole de Tanagra, réalisées par des archéologues français en 1870-1872, avaient mis au jour de raffinées statuettes en terre cuite, pour lesquelles musées et collectionneurs s’étaient rapidement enthousiasmés. Comme eux le duc d’Aumale cherche à s’en procurer, comme eux il acquiert aussi bien des pièces authentiques que des pastiches. Ainsi, tel Enlèvement d’Europe ressemble plus à une œuvre de Clodion qu’à un antique. Toutefois, il est des occasions où le duc ne s’est pas trompé, notamment quand il a acquis, lors de la dispersion de la collection Pourtalès en 1855, l’amphore attique à figures rouges attribuée au peintre Aison (3e quart du Ve siècle av. J.-C.) et figurant une “amazonomachie”. D’une qualité tout aussi remarquable, les trois hydries en bronze achetées pour une somme considérable témoignent de son intérêt pour l’art grec.
Mais seul l’ensemble pompéien est issu d’un contexte archéologique attesté. Celui-ci est entré en sa possession d’une manière pour le moins inattendue. Lors de son séjour à Naples en 1843, il est invité à visiter le site de Pompéi, et, comme il était de tradition pour les hôtes prestigieux, une “fouille-spectacle” est organisée en son honneur. À l’issue de ce spectacle inédit, le produit des fouilles, soit une soixantaine de pièces, lui est offert. Si parfois quelques objets étaient préalablement enfouis à l’endroit choisi pour garantir le caractère spectaculaire de l’opération, le matériel récolté (vaisselle, ustensiles de cuisine) apparaît assez cohérent avec la destination de la maison, une auberge dont le propriétaire se nommait Gabinius.
La collection romaine compte par ailleurs quelques élégantes statues en marbre – restaurées pour l’occasion –, provenant des jardins de quelque villa antique, ainsi que des mosaïques dont le bel Enlèvement d’Europe.
- DE L’ÉGYPTE À POMPÉI, LE CABINET D’ANTIQUES DU DUC D’AUMALE À CHANTILLY, jusqu’au 9 septembre, Musée Condé, château de Chantilly, Chantilly, tél. 03 44 62 62 62, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue raisonné par Ludovic Laugier, éd. Somogy, 143 p., 29 euros.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’Antiquité vue du XIXe
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €- Parallèlement à l’exposition du Grand Palais “Un temps d’exubérance�?, le Musée Condé présente jusqu’au 23 septembre une sélection des plus belles reliures françaises du XVIIe siècle conservées dans sa bibliothèque (catalogue, éd. Somogy, 110 p., 20 euros).
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : L’Antiquité vue du XIXe