À Caen, un superbe hôtel particulier du XVIIIe siècle, aujourd’hui occupé par l’orchestre de Basse-Normandie, abritait un Musée Langlois. Les œuvres furent déposées dans les réserves du Musée des Beaux-Arts où elles attendaient leur résurrection.
Une intelligente campagne de restauration, dirigée par Alain Tapié, permet aujourd’hui de faire sortir du néant l’un des plus grands inventeurs d’images du XIXe siècle français. Car Charles Langlois eut son heure de gloire. À Paris, plus d’un million de visiteurs avaient vu ses panoramas, présentés dans la rotonde d’Hittorff sur les Champs-Élysées. Élève et ami de Gros, Girodet et Vernet, lié à Delacroix, il excellait dans les mêlées militaires et les paysages spectaculaires. À la Bibliothèque Marmottan de Boulogne, on peut voir se dérouler la bataille des Pyramides, l’incendie de Moscou, mais aussi de stupéfiantes vues des temples de Karnak, des études peintes en remontant le Nil. La bataille d’Eylau, perdue, a été judicieusement reconstituée grâce à un montage circulaire de photographies anciennes à l’intérieur duquel le visiteur peut pénétrer. Au cœur de ces mêlées furieuses, à l’invitation du texte de Bruno Foucart publié dans le catalogue, on reconnaîtra Fabrice del Dongo et le prince André. Ce vieux briscard de Langlois avait, sans le savoir, illustré Stendhal et Tolstoï. Héritier du souffle de Gros et de Raffet, il avait compris le réalisme, inventé une peinture cosmique, symbolique et populaire, utilisé avec intelligence les cadrages et les perspectives de la photographie toute récente. Son œil d’aigle avait embrassé son époque, préparé la venue d’Abel Gance et du cinémascope. C’est beaucoup pour
un inconnu. À quand la réouverture du Musée Langlois de Caen ?
PONTOISE, Musée Tavet-Delacour, jusqu’au 14 janvier.
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Langlois, inventeur d’images
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Langlois, inventeur d’images