COLOGNE / ALLEMAGNE
Traité en huit chapitres qui rythment chronologiquement la visite, le sujet est une première en Allemagne.
D’autant que, gage de l’intérêt de cette exposition, la quasi-totalité des nombreuses œuvres, en dehors de quelques toiles de Hopper, Whistler et Rothko, n’a jusqu’à maintenant jamais été vue du public allemand. De l’art de la période coloniale, qui donne aux immigrants leur fierté, aux abstractions qui surgissent au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, c’est la lente construction de l’identité américaine que ce parcours retrace, dans une scénographie sobre balisée par quelques sculptures, elles très académiques. Elle rappelle qu’en Amérique, peintres et pionniers ont beaucoup en commun. Tributaires à leurs débuts des héritages anglais, italien et français, les artistes puisent de nouvelles sources d’inspiration dans cette conquête de l’ouest qui forge un imaginaire proprement national, comme le visiteur peut s’en persuader devant la lithographie emblématique de Frances Bond Palmer (1868). Avec la Déclaration d’indépendance, le tournant réaliste s’accentue. Les écoles d’art, surtout celles de l’Hudson River et d’Ashcan, participent à l’émergence d’un style local à la fois uni à la nature et attentif à la société, comme en témoignent les vues de paysages grandioses ou de la vie urbaine. Malgré les minorités qu’il laisse en marge, le progrès triomphant ouvre à la modernité une peinture devenue iconique. Les géométries noires et blanches de Franz Kline concluent ce long récit en couleurs.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : L’Amérique racontée par les tableaux