L’âge d’or de la céramique chinoise en 99 leçons

PARIS - “L’âge d’or de la céramique chinoise” s’ouvre sur un généreux vase globulaire du VIe siècle et se clôt sur une petite coupe à pied en porcelaine du XIVe siècle, évoquant une fleur de mauve stylisée. Plénitude des formes pour l’un des plus anciens grès blanc à émail transparent ; délicatesse et raffinement pour l’une des premières porcelaines à pâte translucide. Entre ces deux pièces novatrices, le visiteur est invité à découvrir sept siècles d’inventions et d’expérimentations diverses.

L’évolution technique générale se caractérise par le recours à des terres de plus en plus denses et pures, cuites à des températures de plus en plus élevées. Les potiers chinois mettent ainsi au point le grès, imperméable et dur, puis la véritable porcelaine, caractérisée par une pâte blanche translucide, très vitrifiée, dont la régularité du grain a permis d’accueillir de minutieux décors peints figuratifs.

Mais les ateliers n’ont pas attendu le XIVe siècle et la porcelaine pour se livrer à un important travail décoratif, faisant notamment appel à des procédés d’émaillage complexes. Des glaçures polychromes à base de plomb de l’époque Tang (618-907) jusqu’aux couvertes bleues translucides qingbai des XIIe et XIIIe siècles, en passant par les terres cuites marbrées ou le fameux vert céladon – obtenu grâce à la présence d’oxyde de fer cuit en réduction –, la maîtrise progressive des phénomènes d’oxydation donne naissance à des coloris raffinés et variés, jouant parfois en transparence avec un décor gravé en réserve.

D’autres effets jouent plutôt sur la matière même du revêtement vitreux, comme cette couverte se terminant par de grosses gouttes en suspension, cet émail parsemé de minuscules stries, à la manière d’une “fourrure de lièvre”, ou ces craquelures patiemment calculées qui donnent une sorte de profondeur à la matière. Complexes à réaliser et extrêmement rares, les céramiques de Ru à couverte craquelée sont très recherchées, même si leur petit format et leur simplicité peuvent les rendre insignifiantes aux yeux du profane.

Un choc esthétique
Mais que celui-ci se rassure. D’une part, les procédés de fabrication et de décoration sont évoqués dans les panneaux explicatifs qui situent également le contexte géographique et social des principales productions. D’autre part, l’aventure technique – émouvant témoignage de l’ingéniosité humaine – se double d’un véritable choc esthétique. Nul besoin d’être expert pour être frappé par des pièces aussi spectaculaires et achevées que le grand bassin à couverte bleue éclaboussée de pourpre de la dynastie des Jin (XIIe siècle), le vase cong des fours de Longquan, dont les formes et la couleur céladon s’inspirent d’objets rituels traditionnels en jade, ou le très précieux bol qingbai avec son support, évoquant une fleur de lotus.

La sobre élégance de la scénographie, proche de celle adoptée pour “Rites et festins de la Chine antique : les bronzes du Musée de Shanghai”, est en totale harmonie avec cette collection de terres cuites et de grès aux lignes dépouillées et aux décors discrets, bien loin des porcelaines qui ont fait en Europe la renommée de la céramique chinoise.