Vêtu d’une aube liturgique, les deux mains tenant un livre de prière, agenouillé aux pieds de la Vierge, le chanoine Joris Van der Paele se présente dans une attitude d’extrême dévotion.
Cet homme d’Église, que sa carrière écclésiastique conduisit à la chancellerie papale de Rome, revint s’installer dans sa ville natale de Bruges vers 1425. En 1434, il passa commande à Jan Van Eyck d’une toile probablement destinée à décorer l’autel de la chapelle de l’église Saint-Donatien de Bruges, où il devait être inhumé. Cette peinture est l’une des premières « saintes conversations » où se rencontrent personnages saints et donateurs. Jan Van Eyck contribue à la mise en place de ce genre qui allait devenir très en vogue. La composition est ici construite autour de la figure centrale de la Vierge, habillée d’un très ample manteau rouge, qui trône en majesté avec l’Enfant Jésus. À sa droite, figure saint Donatien vêtu d’une chape bleue. À sa gauche, aux côtés du chanoine dont il était le patron, saint Georges en armure dorée semble s’adresser à Marie. La symphonie de couleurs mises en œuvre n’est certainement pas le fruit du hasard, puisqu’elle correspond aux couleurs héraldiques de Bruges. Dans cette toile, tout fourmille d’une multitude de petits symboles à décrypter. Installé dans la prospère ville de Bruges, Van Eyck participe à la naissance d’une nouvelle peinture qui voit le jour en Flandre dans les années 1420-1430. S’il n’inventa pas la peinture à l’huile, il en fit un usage tout à fait novateur, superposant les glacis, en allant toujours du plus clair au plus foncé. Ainsi, toutes les textures, les soies, les brocarts ou les pierres sont rendues avec un naturalisme incroyable, de même que la carnation des visages et la circulation de la lumière. L’inscription des personnages dans l’espace tels d’immenses sculptures et les jeux avec l’architecture sont aussi totalement inédits. Ce chef-d’œuvre produit par l’un des principaux primitifs flamands bénéficie actuellement d’un focus particulier dans le cadre d’une exposition au sein même du Musée Groeninge, qui dévoile les résultats de recherches récentes.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
"La Vierge au chanoine Van der Paele", de Jan Van Eyck
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : "La Vierge au chanoine Van der Paele", de Jan Van Eyck