La Vie du Christ, point d’orgue de l’exposition Nolde

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 29 septembre 2008 - 477 mots

Si l’exposition parisienne est un événement, la présence du fameux polyptyque en est incontestablement un autre. L’œuvre dépliée en neuf volets – dont un exceptionnel corps central – rejoue le modèle médiéval du retable en une puissante et tragique évocation de la vie du Christ. « En s’étayant mutuellement, s’enthousiasme Nolde, les tableaux devaient avoir ensemble un effet puissant, engendrer une image nourrie de sentiment religieux et de spiritualité. »

« Barbouilleur psychopathe »
En 1911, le peintre vient d’exécuter une Cène et une Pentecôte tourmentée, sombre assemblée carnavalesque de masques aux yeux vides, qu’il éclaire d’une lumière glauque et vibrante, un peu à la manière d’Ensor. La toile est violemment éreintée par le comité de la Sécession de Berlin en 1910. Suivra cette Vie du Christ.
Elle témoigne de la profonde culture du peintre en matière d’art sacré, à commencer par les nombreuses et discrètes références faites au célèbre retable d’Issenheim (1513-1515). Nativité – en haut à gauche – Crucifixion – au centre – ou Ascension, les neuf scènes sont représentées avec le souci d’humaniser les personnages, de la Vierge au Christ, épuisé de souffrance.
Mais exalté par une foi profonde et inquiète, le récit christique n’en reste pas moins au service de Dieu. Dans les pas de ses portraits profanes, les visages se font schématiques et les traits sommaires. Oranges, verts, bleus, couleurs farouches et complémentaires rythment vivement le cycle de lecture.
Tendu entre la vraisemblance profane et l’intensité des masses colorées, le polyptyque sera exposé une fois, puis maintes fois refusé. Goebbels laissera La Vie du Christ figurer en bonne place à Munich en 1937 et à Berlin en 1938, lors de l’exposition d’art dégénéré. Le tableau sera surmonté d’un panonceau spécifiant : « Des barbouilleurs psychopathes et des juifs affairistes ont fait passer des peintures monstrueuses, des pamphlets sculptés pour des manifestations de la “religiosité allemande” et en ont tiré de l’argent. »

Les frontières de l’expressionnisme Jusqu’en 1911, le terme désignait bien davantage Braque, Van Dongen et Vlaminck que la fiévreuse génération allemande. Entre mésententes critiques, écarts chronologiques – architecture, cinéma et théâtre jouèrent la partition expressionniste bien après la peinture –, le corpus expressionniste reste curieusement encore mal balisé. Indiscutablement pluriel, il compte dans sa version extensive les précurseurs (Munch, Ensor, Van Gogh…), les acteurs et les suiveurs, jusqu’au seuil des années 1930. Die Brücke (1905-1913), fondé à Dresde par L. Kirchner, F. Bleyl, E. Heckel et K. Schmidt-Rottluff, brièvement rejoints par E. Nolde, O. Müller et M. Pechstein. Leur programme ? S’attaquer aux conventions picturales du moment, laisser libre cours à la spontanéité et à l’authenticité de l’impulsion créatrice. Der Blaue Reiter (1911-1915), fondé à Munich par Kandinsky et Franz Marc. Suivront Jawlensky, Munter, Maacke et Kubin. Mieux organisés mais sans dogme formel précis, ils vont promouvoir leurs messages par des publications et des expositions ouvertes à tous les artistes.

Comprendre... l'expressionnisme

Les frontières de l’expressionnisme Jusqu’en 1911, le terme désignait bien davantage Braque, Van Dongen et Vlaminck que la fiévreuse génération allemande. Entre mésententes critiques, écarts chronologiques – architecture, cinéma et théâtre jouèrent la partition expressionniste bien après la peinture –, le corpus expressionniste reste curieusement encore mal balisé. Indiscutablement pluriel, il compte dans sa version extensive les précurseurs (Munch, Ensor, Van Gogh...), les acteurs et les suiveurs, jusqu’au seuil des années 1930.

Die Brücke (1905-1913), fondé à Dresde par L. Kirchner, F. Bleyl, E. Heckel et K. Schmidt-Rottluff, brièvement rejoints par E. Nolde, O. Müller et M. Pechstein. Leur programme ? S’attaquer aux conventions picturales du moment, laisser libre cours à la spontanéité et à l’authenticité de l’impulsion créatrice.

Der Blaue Reiter (1911-1915), fondé à Munich par Kandinsky et Franz Marc. Suivront Jawlensky, Munter, Maacke et Kubin. Mieux organisés mais sans dogme formel précis, ils vont promouvoir leurs messages par des publications et des expositions ouvertes à tous les artistes.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°606 du 1 octobre 2008, avec le titre suivant : La Vie du Christ, point d’orgue de l’exposition Nolde

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