En Europe, deux expositions s’attachent actuellement à l’œuvre de Malévitch (1879-1935). Alors que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris accueille un choix d’œuvres provenant du Stedelijk Museum d’Amsterdam, le Deutsche Guggenheim de Berlin présente sous l’intitulé “Kasimir Malévitch : Suprématisme”? une trentaine d’œuvres issues de collections privées et publiques. L’exposition, qui offre un éclairage sur la théorie du peintre russe, a été réalisée en collaboration avec la Menil Foundation de Houston et la Guggenheim Foundation de New York, où elle ira ensuite.
PARIS ET BERLIN - Alors que certains artistes méditaient sur le processus de création, Kasimir Malévitch a développé une nouvelle philosophie mystique de l’art et de l’existence. Si le succès de cette tentative reste à débattre, l’œuvre est, elle, rentrée dans l’Histoire. Bien que le Suprématisme ait souvent été lié à la révolution russe, les bases de la réflexion de Kasimir Malévitch étaient déjà posées au début du XXe siècle. Le peintre s’est ainsi approprié les formes traditionnelles de l’icône pour créer un nouvel art. Les motifs vers lesquels il revient souvent – le carré, la croix, le cercle – se retrouvent abondamment dans les icônes, et plus particulièrement sur les habits des saints. Sa série de peintures autour des paysans russes illustre ce souhait de mettre en valeur leurs statuts de mythes.
Parallèlement, le cubisme et le Futurisme sont à l’origine d’un art non figuratif en Russie. Malévitch, qui a puisé dans les deux mouvements, était alors à la recherche de la représentation de la sensibilité pure, de la forme universelle et absolue. Dans cette optique, il a travaillé en 1913 sur les costumes et les décors du premier opéra futuriste La Victoire sur le soleil, dont quatre études au crayon de la collection du Musée de l’art théâtral et musical de Saint-Pétersbourg sont présentées à Berlin.
À Paris, ce sont des œuvres comme un Anglais à Moscou (1914) qui témoignent de l’importance du cubo-futurisme. Avant et après, le visiteur pourra, à travers une vingtaine de peintures et une cinquantaine d’œuvres graphiques prêtées par le Stedelijk Museum d’Amsterdam, suivre le parcours complet de l’artiste, de la leçon impressionniste (Femme au journal, 1906) au retour à la figure.
Mais c’est la théorie suprématiste qui est au cœur de l’exposition du Deutsche Guggenheim. Celle-ci est magnifiquement illustrée par Cercle noir (1913) et Carré rouge (1915), issus d’une collection privée suisse. Le peintre insistait alors sur le fait que le processus créatif de son désormais célèbre Carré noir avait été spontané et même inattendu. À Berlin comme à Paris, l’œuvre de Malévitch continuera donc de nourrir fascination et spéculations.
- MALÉVITCH, UN CHOIX DANS LES COLLECTIONS DU STEDELIJK MUSEUM D’AMSTERDAM, jusqu’au 27 avril, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président-Wilson, Paris, tél. 01 53 67 40 00, tlj sauf lundi, 10h-17h30, samedi et dimanche 10h-19h. Cat. éditions Paris-Musées, 124 p., 24 euros. ISBN 2-87900-735-6 - KASIMIR MALÉVITCH : SUPRÉMATISME, jusqu’au 27 avril, Deutsche Guggenheim, Unter den Linden 13-15, Berlin, tél. 49 30 202 0930, tlj 11h-20h, jeudi 11h-22h, www.deutsche-guggenheim-berlin.de. Catalogue disponible en anglais et en allemand édité par Guggenheim, 263 p., 35 euros. ISBN 0-89207-265-2
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La suprématie Malévitch
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°164 du 7 février 2003, avec le titre suivant : La suprématie Malévitch