Espagne - Art contemporain

La sculpture prend corps

Susana Solano à l’honneur au Musée d’art contemporain de Barcelone

Par Roberta Bosco · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 493 mots

L’exposition organisée par Maria Teresa Blanch au Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba), propose une approche très complète du travail de Susana Solano et embrasse tous ses domaines de création : l’installation, la photographie, le dessin et, naturellement, la sculpture de grand et de petit format. Une présentation qui cherche à réévaluer l’œuvre.

BARCELONE (de notre correspondante) - Susana Solano, née à Barcelone en 1946, a débuté par la peinture, mais elle s’est très vite sentie attirée par la sculpture. Elle a d’abord cousu ses toiles, avant de réaliser ses premiers travaux en bois et en plâtre. Ceux-ci feront bientôt place au fer et au plomb, ce qui donne à ses œuvres un caractère à la fois esthétique et monumental. Depuis une dizaine d’années, son travail semble avoir abandonné un peu de la pesanteur qui l’a toujours caractérisé pour devenir plus dépouillé. “Au début des années quatre-vingt-dix, Susana Solano se met à photographier des hommes et des animaux. Cela agit comme un détonateur, et ses sculptures visent alors le corps plutôt que l’habitat. Selon ses propres mots, Solano identifie le corps comme l’unique maison de l’homme, relève Maria Teresa Blanch. Cette prise de conscience la pousse vers une sculpture plus transparente, ouverte et fragile, qui fait siennes les valeurs de la corporalité humaine. Désormais, l’artiste ne veut plus organiser l’espace, mais créer des organismes libres”. Elle se réfère à une série de petites pièces moins architectoniques, où la plaque de métal a été remplacée par une maille métallique plus malléable. Susana Solano peut la travailler à la main, et “elle engendre de nouvelles configurations en y introduisant de petits morceaux de plastique”.

L’exposition réunit une vingtaine de petites sculptures de 1992 et 1993, dans lesquelles on perçoit cette quête de nouvelles valeurs, ainsi que 25 grandes sculptures et quatre installations originales, réalisées spécialement pour l’occasion. “À l’intérieur de l’une d’elles, le public sera confronté à des notions immatérielles et intangibles”, annonce la commissaire de l’exposition. Un vaste choix de dessins exécutés par Solano ces vingt dernières années est également dévoilé pour la première fois au public. “Le dessin de Susana Solano est destiné à mettre en valeur la non-image. C’est un lieu d’action pour l’artiste, une manière de transiter librement à travers l’espace tout en recherchant le degré zéro de l’expression. Il devrait fournir à l’exposition un instrument pour mieux comprendre sa réflexion et sa relation avec les phénomènes plutôt qu’avec les images”, précise-t-elle, estimant que “le dessin est le médium où l’on reconnaît l’artiste”. Elle espère ainsi donner une vision de l’interaction entre les différentes facettes du travail de Solano. “Nous avons mis au point cette exposition dans un prisme très riche et très élaboré. De cette manière, la dimension de son travail en sera peut-être réévaluée”, conclut Maria Teresa Blanch.

SUSANA SOLANO. SCULPTURE, PHOTOGRAPHIE ET DESSIN

28 janvier-5 avril, Museu d’Art Contemporani, Pl. dels Angels 1, Barcelone, tél. 34 93 412 08 10, tlj sauf mardi 12h-20h, samedi 10h-20h, dimanche 10h-15h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : La sculpture prend corps

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