À l’été 2018, la Fondation Villa Datris présentait en Provence son exposition « Tissage/tressage… quand la sculpture défile ».
Ce fut un succès. Entre intérieur et extérieur, étaient montrées une centaine de sculptures tissées et tressées, des années 1960 à aujourd’hui. Ce défilé est aujourd’hui réorchestré à l’Espace Monte-Cristo, nouveau lieu parisien de la Fondation, inauguré en septembre dernier. À cadre différent, finalité différente : au sein de ce loft urbain, il ne s’agit plus de déployer une vaste exposition, mais de donner à voir, autrement, les œuvres de la collection. Une quarantaine d’entre elles sont réunies sur deux étages, alternant salles façon white cube et « patios » extérieurs. Moins d’œuvres donc, faute d’espace, mais le propos reste le même : montrer comment les artistes, femmes pour la plupart, élèvent le textile au rang d’art. Le rez-de-chaussée est consacré aux « pionniers » de l’art du textile (Sonia Delaunay, Sheila Hicks ou Pierre Daquin). Nouveauté de cette exposition, un admirable « focus » d’une dizaine d’œuvres dédié à Marinette Cueco, Corrézienne octogénaire tressant inlassablement l’herbe. Sa spirale tricotée (Tondo, 1992), présentée à la Villa, s’accompagne ici de « tableaux » tressés en jonc, carex ou lierre, et d’une imposante installation faite de pelotes en tiges végétales, jonchant le sol d’un des patios. À l’étage, les sections « Identités textiles » et « Tisser le monde » montrent comment des artistes contemporains s’approprient le textile, dans toutes ses virtualités, de la sculpture-mot d’Annette Messager au couvre-chef en forme de saxophone du Béninois Meschac Gaba, en passant par le globe terrestre pris dans les filets noirs de Chiharu Shiota.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : La sculpture fait son défilé