La rétrospective incomplète de Steve McCurry

Le portrait de Sharbat Gula, l’Afghane aux yeux vert, qu’il réalise en 1984 dans un camp de réfugiés au Pakistan, est devenue une « icône » dès sa parution à la une du National Geographic. Depuis, ce portrait est régulièrement à l’affiche des expositions ou sur la couverture des livres du photographe américain. Elle l’est à nouveau pour la rétrospective problématique, conçue par Biba Giacchetti, fondatrice de l’agence Sudest57, organisatrice de ses expositions. Problématique, car l’exposition est « la plus complète dédiée à Steve McCurry », mais elle manque trop de rigueur, de réflexion et de contextualisation des images pour constituer une monographie de référence. La biographie omet ainsi totalement d’évoquer son parcours de photojournaliste ou de citer les journaux qui l’ont publié, comme son appartenance à Magnum depuis 1986. Or, nombre de photographies de Steve McCurry exposées ont été réalisées dans le cadre de commandes. Passé la sélection de photographies noir et blanc prises en 1979-1980 lors du premier séjour du photographe en Afghanistan, le visiteur déambule ensuite dans une série de labyrinthes de portraits d’enfants et de jeunes gens, entremêlant pays, sujets et dates jusqu’à l’overdose. Suivent sur le même principe des scènes avec des animaux et bien d’autres images, notamment de rituels. Les photographies plus dures, comme celle de la guerre du Koweït ou de l’attentat du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center, échappent heureusement à cette logique d’accrochage dit « immersif ». Les légendes très succinctes participent au malaise, le commentaire de Steve McCurry qu’offre l’audioguide (généreusement inclus dans le prix du billet) ne concernant qu’un tiers des photographies exposées.