Patrimoine - Les expositions, du moins les bonnes, sont le résultat d’un long travail.
Toutefois, rarement une manifestation n’aura nécessité autant de temps que celle du Musée de l’Ancien Évêché. Petit retour en arrière : en 1903, les chartreux sont contraints de quitter le monastère de Saint-Pierre-de-Chartreuse, siège historique de l’ordre depuis le XIe siècle. Ils ne partent pas les mains vides, puisqu’ils découpent les tableaux monumentaux qui ornent la galerie des cartes. Ceux-ci demeurent roulés, jusqu’à ce qu’ils soient marouflés sur de vulgaires plaques d’aggloméré dans les années 1960. Une intervention catastrophique, car les produits chimiques émanant des nouveaux supports vont ruiner les peintures. Des années plus tard, des clercs et des historiens s’alarment de leur piètre état de conservation. La mobilisation se met alors en branle pour sauver ce patrimoine sans égal, classé d’ailleurs monument historique dans sa totalité. Le chantier débute en 2002, dure 20 ans et coûte la bagatelle de 1,7 million d’euros, financé à 40 % par des dons ! Au terme de cette résurrection inespérée, l’heure était venue de dévoiler les plus beaux tableaux de cet ensemble unique et de retracer son histoire.
L’exposition raconte en une trentaine de cartes l’aventure inédite menée par l’ordre dès le XVIIe siècle : cartographier ses possessions afin de garder un œil sur ses différentes antennes, mais aussi d’asseoir son prestige. Ce qui frappe, c’est l’incroyable diversité de ces étonnants permis de construire, alors que l’organisation générale est censée être immuable. On y découvre de bons peintres, notamment Licherie, l’élève de Le Brun, d’autres plus amateurs, mais surtout des curiosités savoureuses dans la composition. Par exemple, à Pise où le plan est surtout le prétexte à un beau tableau baroque avec angelots et paysage idyllique. Autre pépite : la carte marseillaise, où l’architecture inspirée du Bernin a été vigoureusement retoquée par le supérieur de l’ordre qui trouvait certainement que cette débauche de luxe ne cadrait pas vraiment avec l’idéal de modestie prôné par les moines.
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La résurrection des chartreux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : La résurrection des chartreux