Cassel (59)

La redécouverte d’Érasme Quellin

Musée départemental de Flandre Jusqu’au 7 septembre 2014

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 24 juin 2014 - 335 mots

Et si les règles de conservation de plus en plus contraignantes, la hausse du coût des assurances et de transports étaient finalement une chance ?

Pour Érasme Quellin, peintre anversois (1607-1678) inconnu du bataillon, elles le sont assurément. La directrice du Musée de Flandre ne s’en cache pas : cet élève et ami de Rubens doit un peu de sa résurrection à la difficulté d’obtenir des prêts de certains artistes jugés trop « fragiles » (Bruegel) ou trop « sollicités » (Rubens, Jordaens, Van Dyck). Et aussi, disons-le, à la passion d’un homme qui lui a consacré quarante ans de sa vie : l’historien de l’art Jean-Pierre de Bruyn, co-commissaire de l’exposition. Tant mieux pour le peintre, et  tant mieux pour le musée départemental, qui, de fait, organise la première rétrospective « mondiale » de Quellin, qui opéra en Flandre la transition entre le baroque et le classicisme. L’événement est tel que le conservateur du Prado a juré à son homologue casseloise, Sandrine Vézilier-Dussart, qu’il ne pourrait désormais plus rien lui refuser – surtout, ne lui dites pas que les collections de Philadelphie, du Liechtenstein et même de Munich, ne lui refusent déjà rien ! Quarante-trois tableaux, donc, les plus beaux, mais aussi les moins sujets à caution selon la conservatrice, sont ici réunis, dans un accrochage thématique qui évite l’ennui de la chronologie. Quellin s’y révèle un grand coloriste. Ses compositions sont certes plus sages que celles de Rubens – aux constructions savantes de celui-ci, Quellin préfère la narration en frise –, mais le résultat est aussi plus constant. La finesse des expressions et des visages – celui de Joseph dans le Repos durant la fuite en Égypte vole presque la vedette à la Vierge – tranche avec la sensualité de Rubens. Il est en cela plus « italien » que celui à qui il succéda à la fonction de peintre d’Anvers, lui qui ne dépassa jamais Liège et Amsterdam, sauf à travers les Poussin, Véronèse et autres maîtres qu’il possédait dans sa collection.

« Dans le sillage de Rubens, Érasme Quellin »

Musée départemental de Flandre, 26, Grand’Place, Cassel (59), museedeflandre.lenord.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : La redécouverte d’Érasme Quellin

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