La redécouverte de la peinture de René Daniëls

Véritable star aux Pays-Bas, cet artiste demeure pourtant peu connu en France. Poursuivant sa mission de mise en lumière à Bruxelles de la scène néerlandophone, le Wiels lui consacre une très belle rétrospective (l’essentiel des toiles oscille entre 1976 et 1987) qui permet de prendre la pleine mesure de la puissance de son œuvre. Baignant dans la culture underground des années 1970 et 1980, son travail s’inscrit à l’instar d’un Kippenberger dans le courant du postmodernisme, tentant de trouver sa voie entre la bad painting américaine et le postexpressionnisme allemand. Conjuguant des couleurs éclatantes et une touche dynamique à des aspects linguistiques et littéraires, sa peinture est l’occasion d’une expérience physique qui comporte également une dimension réflexive et autoréflexive postconceptuelle. Héritières d’un certain surréalisme et d’un humour dans la veine d’un Magritte et d’un Broodthaers, ses toiles sont le théâtre de divagations poétiques et oniriques, comme ces deux grands formats (rassemblés pour la première fois) représentant un homme et une femme endormis sur des matelas partant à la dérive sur une mer bleu nuit. Envoûtement assuré… Le parcours (quasi chronologique) fait la part belle à la genèse et aux variations autour de ce qui constitue un peu sa marque de fabrique, à savoir son fameux « nœud papillon ». Issu d’une décantation des vues en perspective d’une salle d’exposition, ce motif s’affiche peu à peu autonome, et finit par flotter au sein d’un espace abstrait dans les subtiles toiles en demi-teintes qui clôturent le parcours.