Hôtel des Arts, Toulon. Du 30 janvier au 21 mars 2010

À la recherche de... Jan Voss

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 26 janvier 2010 - 344 mots

« Tout est diversion chez moi, il n’y a aucune continuité dans le développement de mon travail. » Voilà une phrase quasi programmatique bien encombrante lorsqu’on cherche à résumer le travail du peintre allemand Jan Voss. Pour ce septuagénaire, français d’adoption, la peinture relève autant du hasard que de la raison. On retrouve d’ailleurs cette donne à la surface de sa production prolifique.

N’hésitant pas à livrer un art du composite, Voss colle, dessine, manie le pinceau et la couleur et livre des assemblages hétérogènes. « Le travail part du centre pour arriver petit à petit à définir la forme extérieure de son territoire. » Ses compositions fonctionnent comme des manuscrits du quotidien ouverts sur des pages monumentales, bavardes mais étrangement réfléchies. Un Relief blanc (2007) se fouille, s’ausculte, se démonte du regard. Nul doute, la cohérence saute aux yeux, mais la logique du peintre, elle, se donne plus doucement, à pas comptés.
 
L’exposition de Toulon ne joue pas à la rétrospective, elle rassemble un bel ensemble de toiles récentes jalonnées de retours en arrière sur les années 1980 et 1990. On vérifie alors l’éclectisme de l’artiste, ses incursions dans le monochrome, son art graphique et aussi ses plongées dans la figuration. Si on peut débusquer des personnages, des motifs, des idéogrammes identifiables et signifiants, ceux-ci ne prennent pas pour autant par la main le lecteur d’un hypothétique récit. C’est bien plus compliqué que cela.
 
On lit parfois sur le travail de Jan Voss un rapprochement avec la tapisserie de Bayeux. Il est éclairant dans ce rapport parcellaire à l’histoire, le déroulé à la fois méthodique et épisodique, comportant des zones d’ombre, des trous. Cette écriture visuelle qui caractérise ses grandes toiles en relief accorde deux mouvements contraires : l’arrangement et le délitement. Laissé en suspens entre un mouvement constructif, d’ordonnancement et l’autre, destructif et beaucoup plus chaotique, le spectateur devra se frayer un chemin dans ses réseaux puissamment colorés. À la recherche de Jan Voss.

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« Jan Voss », hôtel des Arts, 236, boulevard Général-Leclerc, Toulon (83), www.hdatoulon.fr, du 30 janvier au 21 mars 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : À la recherche de... Jan Voss

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