Correspondance - Nul fracas, nul spectacle tonitruant. « De la plume au ciseau », l’actuelle exposition du Musée Camille Claudel n’en met pas plein les yeux : elle opère comme une brise légère, qui insuffle discrètement la vie aux sculptures du parcours permanent.
Elle consiste en 17 lettres, présentées en regard des 11 œuvres de Camille Claudel qu’elles évoquent. Parmi ces missives, six sont exposées pour la première fois : écrites par Camille Claudel à son éditeur Eugène Blot, elles viennent d’entrer dans les collections du musée de Nogent-sur-Seine. Camille Claudel y évoque sa détresse financière, sollicitant de l’argent avec un franc-parler qui témoigne de la confiance qui la lie à son éditeur. Au fil des lettres qu’elle envoie à ses proches – son amie Florence Jeans, Auguste Rodin ou le critique Gustave Geffroy –, se dévoilent ses espoirs, ses angoisses, les prémices, peut-être, de ses troubles psychiques. Elle évoque les sculptures auxquelles elle travaille ou qu’elle s’apprête à fondre (La Joueuse de flûte, L’Âge mur, le Buste de Rodin ou Persée et la Gorgone), comme celles auxquelles elle renonce – un monument à Auguste Blanqui, qu’elle finit par refuser, en partie parce qu’elle n’en a plus la force. Au long du parcours, l’œil va et vient entre la fine écriture apposée sur un papier à lettre choisi avec soin et les sculptures de bronze de Claudel. Peu à peu, celles-ci se dotent d’une histoire ; à travers elles, on entend Camille qui soupire ou s’emporte. Bien que discrète, cette exposition parvient à son but et nous enchante.
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La plume légère de Camille Claudel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : La plume légère de Camille Claudel