Regarder les huiles sur toile, les lavis d’encre de Chine sur papier, les pastels, les aquarelles et les vitraux d’Alfred Manessier (1911-1993), c’est d’abord accepter de faire un grand vide dans son esprit. C’est aussi aimer oublier les clichés et les idées reçues qui trop souvent tiennent lieu de réflexion, afin de pouvoir accueillir une œuvre qui ne se satisfait d’aucune certitude conformiste.
Confronté tout au long de sa vie de peintre au déferlement continu de nouvelles tendances dans l’art contemporain, Manessier a su rester fidèle à ses passions d’homme et d’artiste. Quelque peu délaissé aujourd’hui par la critique « branchée », il est bon de rappeler qu’il fut célébré comme l’un des maîtres de la « seconde école de Paris », et qu’il fut l’un des très rares peintres à cumuler les grands prix internationaux de la Biennale de Sao Paulo (1953), de l’Institut Carnegie de Pittsburgh (1955) et de la Biennale de Venise (1962), comme Picasso et Matisse. Humaniste souvent révolté, croyant engagé, l’artiste fut un immense et talentueux amoureux de la lumière. « Ah ! ce mystère de la lumière ! Pénétrer dans l’Impénétrable ! »
Les Années Manessier en Picardie, un ensemble de manifestations qui se dérouleront jusqu’en 2013 au pays de son enfance, peut être la magnifique occasion de découvrir ou redécouvrir cette œuvre majeure du XXe siècle. La baie de Somme, qui est à Manessier ce qu’est la Sainte-Victoire à Cézanne, et ces territoires picards aux lumières nordiques ont profondément marqué le peintre. N’écrivait-il pas en 1964 : « Le pays natal, pour un peintre, ce n’est pas rien ! Là où l’œil et le cœur ont «reçu» la lumière pour la première fois. »
Le musée d’Abbeville inaugure les Années Manessier en dévoilant une exposition-hommage dans une galerie de peintures qui lui sera désormais consacrée, autour des thèmes la nature et la spiritualité. D’autres manifestations se succéderont dans la région jusqu’en 2013, rythmées par le passage d’un train TER habillé aux couleurs de Manessier. Et surtout ne pas oublier de franchir le portail de l’église du Saint-Sépulcre d’Abbeville afin d’y contempler une œuvre pérenne : l’impressionnant ensemble de vitraux réalisés par le maître.
Musée Boucher-de-Perthes, 24, rue Gontier-Patin, Abbeville (80), www.manessier.picardie.fr
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La Picardie et Manessier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : La Picardie et Manessier