L’histoire de l’art canonique a longtemps décrété qu’au milieu du XIXe siècle les peintres avaient brutalement abandonné les sujets traditionnels pour embrasser à tous crins les thèmes de la vie moderne.
Adieu les mythes et les saints, bonjour les paysages et les scènes urbaines et, en somme, vive l’art pour l’art. Cette idée péremptoire a été nettement corrigée au cours des dernières décennies par les chercheurs et les musées qui réévaluent la vitalité de l’inspiration religieuse. Si des mouvements et des artistes majeurs ont été relus à l’aune de cette problématique, il manquait encore une véritable approche globale de ce corpus large et hétérogène. L’intérêt pour les sujets sacrés concerne en effet non seulement les artistes académiques, mais aussi, et le grand public l’imagine moins, les avant-gardes. C’est justement l’enjeu de l’exposition du Palazzo Strozzi : offrir une vision panoramique du sacré de 1850 à 1950. Un pari très ambitieux mais relevé seulement à moitié. La manifestation s’y attelle à travers une centaine de pièces, essentiellement d’artistes italiens. Et c’est là que le bât blesse. Car il est bien difficile d’appréhender la pluralité de cette production avec seulement un Millet, un Van Gogh, un Bouguereau, un Chagall, trois gravures de Munch et quelques Maurice Denis. Évidemment, il est presque impossible d’être exhaustif sur une question aussi vaste, mais l’absence de maîtres incontournables, Gauguin, Sérusier ou les préraphaélites, laisse le visiteur sur sa faim. Cette critique mise à part, la sélection présente des œuvres intéressantes qui éclairent sur le grand éclectisme de ce genre ; pour le meilleur comme pour le pire. Le sacré et la foi ont été des terrains d’expérimentation pour des artistes de premier plan, et les créations de Morelli, Fontana, Wildt ou encore Casorati en fournissent de beaux exemples. Mais le parcours fourmille aussi de petits maîtres aux créations dignes de chromos ou d’images saint-sulpiciennes. Mention spéciale au retable kitschissime de Giuseppe Catani Chiti.
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La peinture sacrée, entre kitsch et sublime
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Abonnez-vous dès 1 €Palazzo Strozzi, piazza Strozzi, Florence (Italie), www.palazzostrozzi.org
Légende photo
Odilon Redon, La Fuite en Égypte, 1903, huile sur toile, 45,4 x 38 cm, Musée d’Orsay, Paris. © Photo : RMN (Musée d’Orsay)/Hervé Lewandowski.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : La peinture sacrée, entre kitsch et sublime