La peinture à quai

Symbole par excellence du voyage, lieu de vie et d’intense activité, le paysage portuaire, comme les scènes de campagne et les gares, fut le sujet de prédilection de nombreux artistes. Si elle a longtemps été idéalisée, la représentation du port évolue beaucoup dans la seconde moitié du xixe siècle, au moment où les chantiers de modernisation entraînent de grandes mutations du lieu.
Parcourant quelques-uns des principaux courants artistiques, l’impressionnisme (Le Bassin du Commerce, 1874, par Claude Monet), le pointillisme (Signac), le fauvisme (Marquet) ou l’Art déco (Jules Lefranc), l’exposition comporte aussi de superbes photographies. Attirés par ce théâtre de la mobilité réduite, laboratoire d’images en mouvement d’une indéniable photogénie, les photographes pictorialistes, se nourrirent dans les années 1885 de la peinture pour représenter une nouvelle vision esthétique des ports.
Dans les années 1930, les photographes font du lieu un véritable terrain d’expérimentation, et se servent des grandes lignes de force offertes par les grues, les cordages, les ponts et les quais pour dresser des images constructivistes (Marseille, le pont transbordeur, 1929 par Lazlo Moholy-Nagy). Unique en son genre, extrêmement riche et documentée, l’exposition comprend quelques petits bijoux (dont Le Port d’Ostende, 1910, de Léon Spilliaert) et quelques ensembles représentatifs de Boudin, Marquet et du peintre cubiste André Lhote.