Initiée à Istanbul en novembre 2010, l’exposition imaginée par la galeriste Eva Hober connaît une nouvelle étape à Nantes.
Sur le carton d’invitation, celle-ci a pris soin de faire noter : « Un vibrant manifeste en faveur de la peinture française contemporaine. » Le fait est suffisamment rare pour être relevé. Eva Hober aime la peinture et n’a pas peur de le faire savoir. On ne saurait trop l’en féliciter car si, comme le proclame en forme de pied de nez le titre de l’exposition « La belle peinture est derrière nous », il reste que devant tout est à faire, à refaire et à poursuivre. C’est ce à quoi s’appliquent les vingt-six artistes réunis au Lieu unique. Avec passion, avec délectation, avec intelligence pour la plupart.
Manifeste, l’exposition nantaise l’est parce qu’elle fait la démonstration que la peinture est bel et bien vivante, prospective et pleine d’invention. Contrairement à une idée reçue chez les thuriféraires aveugles de la postmodernité qui la considèrent comme obsolète, voire morte, mais qui ne la pensent pas, comme il convient de l’appréhender, à l’aune de tous les bouleversements de l’époque. De fait, la peinture contemporaine telle qu’elle est portée par cette génération est le vecteur d’une puissante réflexion sur tous les états d’âme de notre monde.
De Barrot à Zonder, en passant notamment par Beneyton, Bourdarel, Deroubaix, Forstner, Korichi, Ledoux, Levasseur et Pahlavi, les artistes nous entraînent de la réalité à la fiction, du symbole à la fable, du constat à la critique, du ressenti au fantasme, de l’humour à l’angoisse. Point commun à tous ces artistes, la figure, parce que la peinture demeure le mode par excellence d’une incarnation. Tour à tour mélancolique, rêveuse, cruelle, politique, féerique, drôle, inquiétante, la figure y décline tous les aspects d’une nouvelle comédie humaine.
D’aucuns penseront peut-être qu’elle est l’expression d’une irrésistible décrépitude, se souvenant comment Baudelaire tança son ami Manet abattu qu’il était par l’accueil qu’avait reçu son Olympia au Salon de 1865. Mais le même poète ne proclamait-il pas aussi que « le beau est toujours bizarre ». Il en est ainsi de cette exposition pleinement réussie parce qu’elle s’offre à voir tout à la fois rebutante et attirante. Quelque chose d’une force indicible que la peinture, seule, est à même de produire fait que l’on n’en sort pas indemne.
Nantes, Le Lieu unique, quai Ferdinand-Favre, Nantes (44), www.lelieuunique.com
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La peinture manifestement
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : La peinture manifestement