La peinture américaine de Guston à Rosenquist

L'ŒIL

Le 1 décembre 2003 - 385 mots

À quelques centaines de mètres de distance, à New York, ont actuellement lieu deux rétrospectives consacrées à deux figures tutélaires de la peinture américaine contemporaine.
L’une, au Metropolitan Museum, est consacrée à Philip Guston ; l’autre, au Guggenheim, à James Rosenquist. À travers leurs parcours, d’un musée à l’autre, on peut ainsi revoir et confronter deux chapitres parmi les plus significatifs de l’art américain d’après-guerre. L’influence de ces deux artistes sur les générations qui leur ont succédé est à la mesure des engagements radicaux et retentissants qu’ils ont pris dans les années 1960 et 1970. Néanmoins, leurs pratiques de la peinture sont on ne peut plus différentes. Guston a été tout à la fois l’un des plus grands représentants d’un expressionnisme abstrait tardif et d’une figuration narrative largement autobiographique ; quand Rosenquist s’est rapidement imposé comme l’un des leaders du Pop Art, volontairement démarqué de l’expressionnisme abstrait par une touche impersonnelle et une imagerie inspirée de la publicité. Chacune des deux démarches, celle de Guston après 1970 et celle du Pop Art, participe pour autant d’une introduction de la culture de masse dans le champ de l’art. La rétrospective Guston explore tous les aspects du chemin chaotique qui l’a conduit de Montréal, où il est né en 1913, en Californie puis à New York, où il a rejoint les expressionnistes abstraits. En 1970, dix ans avant sa mort, il abandonnait définitivement cette veine avec une exposition – que beaucoup considéraient alors comme un sabordage de son talent – dans laquelle apparaissaient pour la première fois ses personnages grotesques, inspirés par la bande dessinée et relatant sur le mode tragico-comique des épisodes de sa propre vie.
La rétrospective Rosenquist suit un parcours bien plus linéaire. Après un début de carrière comme peintre de panneaux publicitaires dans le Midwest et à New York, Rosenquist a mis la technique ainsi acquise au service d’immenses toiles. Composant celles-ci d’après collages d’images empruntées à des magazines des années 1950, il a révélé une mythologie illusoire du quotidien américain, avant de composer jusqu’à aujourd’hui des images toujours plus distordues et abstraites.

NEW YORK, « Philip Guston », Met, 1000 Fifth Avenue, tél. 00 (1) 212 535 7710, jusqu’au 4 janvier ; « James Rosenquist », Solomon R. Guggenheim Museum, 1071 Fifth Avenue, tél. 00 (1) 212 423 3500, jusqu’au 25 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°553 du 1 décembre 2003, avec le titre suivant : La peinture américaine de Guston à Rosenquist

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