Au Musée Lalique, dans une pièce plongée dans la pénombre, des œuvres en verre prennent place dans six grands cubes en bois lumineux cernés de vitrines.
Yves Klein, Rembrandt Bugatti, Zaha Hadid, Mario Botta, Terry Rodgers, Anish Kapoor et Damien Hirst : la présence de ces créations d’artistes de renom des XXe et XXIe siècles à Wingen-sur-Moder, petit village alsacien des Vosges du Nord, paraît étonnante. Ces éditions d’art sont nées d’une collaboration entre, d’un côté, la Maison Lalique, désireuse de mettre son savoir-faire ancestral au service de l’art contemporain, et de l’autre, des peintres, sculpteurs et architectes fascinés et inspirés par les propriétés du verre. À l’exception des artistes disparus (Klein, Bugatti et Hadid), tous ont conçu de nouveaux projets d’œuvres dont les formes audacieuses ont été un important défi technique pour les ouvriers et ouvrières de la verrerie. La sophistication de ces pièces, réalisées à la cire perdue, par soufflage ou moulage, témoigne de l’excellence de ses artisans (dont une dizaine de Meilleurs Ouvriers de France). Le Musée Lalique a la volonté, à travers cette exposition, de prouver sa capacité à se réinventer malgré son ancrage patrimonial et territorial. Plus qu’un « temple du passé », un musée doit être aussi « perspective de l’avenir » précise Laurent Burckel, président du musée et conseiller territorial. Pour que la démarche soit complète, pourquoi ne pas donner désormais cette chance à des artistes émergents ?
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : La Maison Lalique relève le défi de l’art contemporain