La Maison Grévin

Bettina Rheims et Serge Bramly exposent leur Christ

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 18 février 2000 - 374 mots

Seize mois après la publication de l’ouvrage I.N.R.I. et le tohu-bohu qui l’avait accompagnée, Bettina Rheims et Serge Bramly exposent calmement leur vision du Christ à la Maison européenne de la photographie (MEP). La qualité des tirages grand format ne pallie pas la vacuité du projet.

PARIS - Dès l’entrée de l’exposition, Bettina Rheims et Serge Bramly rendent hommage à Chun Chung Choï. À juste titre. Celui-ci a réussi d’impressionnants tirages, avec une parfaite maîtrise de l’arc-en-ciel en vogue aujourd’hui. Ces grand formats, techniquement somptueux mais parfois écrasés sous les plafonds de la MEP, sont la grande nouveauté depuis l’ouvrage publié en 1998. Mais leur accrochage ne corrige pas les défauts du projet et de sa réalisation (lire le JdA, n° 72, décembre 1998). Plutôt que s’interroger sur le sens de la vie du Christ dans notre monde contemporain, les auteurs se sont limités à la question de la représentation. De l’Annonce faite à Marie jusqu’à l’Ascension, l’histoire de Jésus s’habille donc des vêtements et des clichés d’aujourd’hui. Jean-Baptiste devient un petit loulou de banlieue ; Judas se suicide au pistolet ; Salomé est une torero à la gorge généreuse ; une femme aux seins nus est crucifiée… Parité ? N’étant portées ni par un message spirituel ni par une critique sociale, ces illustrations tournent rapidement à vide. D’autant plus, que “I.N.R.I”, soutenue généreusement par le ministère de la Culture, la Mission de l’An 2000, la MEP, Cartier…, aligne un casting de mannequins, coiffeurs, maquilleurs, stylistes digne d’un péplum, qui ne parvient pas à se faire oublier. L’Ecce Homo dégouline de Ketchup, le Christ ressuscité a un maquillage ostentatoire. Même le dépouillement devient appuyé. On pourrait s’amuser comme en se promenant au Musée Grévin, mais les auteurs s’inscrivent très sérieusement dans la lignée d’illustres prédécesseurs, alors qu’on cherche en vain aussi une originalité formelle qui sauverair la superproduction. Dans chaque salle de la MEP trône une pierre tombale sur laquelle sont inscrits textes et légendes. Imitant le granit, elle est en parfaite harmonie : factice.

- I.N.R.I, BETTINA RHEIMS & SERGE BRAMLY, jusqu’au 2 avril, Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy, 75004 Paris, tlj sauf lundi et mardi 11h-20h. I.N.R.I, éditions Albin Michel, 217 p., 129 ill., 450 F. ISBN 2-226-09462-8.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°99 du 18 février 2000, avec le titre suivant : La Maison Grévin

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque