C’est un fait, que la moindre balade au Marché aux Puces ou à Drouot confirme : l’orientalisme est furieusement tendance. Dès le milieu du XIXe siècle et dans le sillage des peintres – parfois en collaboration avec eux – les photographes ont sillonné le Maghreb et tous les pays qui avaient une saveur d’Orient lascif autant que mystérieux, au bénéfice d’une bourgeoisie européenne industrieuse et corsetée. L’Algérie n’a pas échappé à cette quête exotique, à cette volonté de saisir une beauté qui semblait fuir le vieux continent chaque jour un peu plus. Les photographes, ici comme au Maroc, en Égypte ou au Moyen-Orient, s’appliquaient à cadrer très exactement ce que leur clientèle désirait voir : des scènes typiques dans un décor convenu d’oasis et de medinah, des portraits bien campés, un soupçon d’érotisme sous le voile ou dans la rondeur d’un sein parfait, des nus débarrassés de toute connotation malséante. Bref un monde calme, apaisé par la colonisation et ses bienfaits, d’où l’on a soigneusement gommé toute trace de misère, de laideur et de maladie. Un monde d’harmonie, plus heureux, parce que plus « insouciant » que celui de son colonisateur. N’était-il pas peuplé de « grands enfants » ? Sans doute ces photographes en furent-ils aussi éblouis, puisant dans cette harmonie une inspiration nouvelle, propre à bouleverser quelques idées reçues. Le courant pictorialiste y trouva d’ailleurs un terrain de choix, avant l’arrivée de reporters plus soucieux de traduire le réel.
Musée-galerie de la Seita, 15 avril-11 juillet.
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À la lumière de l’Algérie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : À la lumière de l’Algérie