Vivant. - Reconsidérer la juste place des peintres français dans le renouvellement des figurations depuis la seconde moitié du XXe siècle.
Voilà ce à quoi participe le Centre Georges Pompidou, depuis la rétrospective Hervé Télémaque, il y a déjà presque dix ans, jusqu’à celle de Gérard Garouste en 2022 et à l’actuel hommage posthume à Gilles Aillaud (1928-2005), longtemps négligé par les institutions. Le parcours touche et dérange. Par son caractère politique qui résonne avec la noirceur de l’époque, et parce qu’il est une magistrale leçon de peinture. Des toiles inspirées par les zoos depuis la fin des années 1960, à celles inspirées par la savane africaine à la fin des années 1980, l’œuvre de Gilles Aillaud nous parle de l’homme et de son rapport au vivant. Mais dans une perspective qui bouge au fil du temps. Le parcours donne à sentir une richesse de peinture, de matières, de couleurs. Une œuvre dont le réalisme a absorbé une longue tradition, de Vermeer et Franz Hals jusqu’aux libérations de la modernité. Bien sûr, il y a l’enfermement créé par la rigueur géométrique et abstraite des grilles et cages. La frontalité, la lourdeur de la peinture, les contours très dessinés, tout cela rend étonnamment présents les animaux qui ne peuvent échapper à notre regard, et deviennent objets d’exploitation. Mais il y a, aussi, la possibilité d’une vie libérée. Dans le traitement de l’herbe ou d’une feuille, la matière se dilue, le geste devient rapide, elliptique : il suggère la force de la nature, face à la froideur de l’artificiel. Dans les œuvres africaines où le style est largement délié, les animaux échappent à notre contrôle, nous tournent le dos, se fondent dans d’immenses paysages. S’il est un futur possible, nous suggère Gilles Aillaud, c’est dans le respect du vivant qui nous entoure.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La leçon de peinture de Gilles Aillaud
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : La leçon de peinture de Gilles Aillaud