La guerre civile espagnole vue par une femme

Barcelone. Mey Rahola (1897-1959) est l’une des rares femmes photographes, sous la Seconde République espagnole (1931-1936/1939), à s’être imposée dans un milieu artistique très masculin. Son œuvre, oubliée durant plusieurs décennies, est aujourd’hui explorée par le Mnac (Musée national d’art de Catalogne) à travers plus de 90 photographies. Celles-ci sont accompagnées de documents d’archives inédits de l’artiste qui avait pris soin de signer et classer ses photographies. Quatorze d’entre elles ont récemment été acquises par le musée. Chronologique, le parcours évoque d’abord les années 1930 de Rahola à Barcelone, où elle fit ses débuts dans la photographie. Passionnée par la voile, ce sport est l’un de ses sujets récurrents, au même titre que la mer, les vues de ports tels Cadaquès et Barcelone, ainsi que les femmes sportives.

Son travail a rapidement été reconnu, lui valant différents prix, publications et expositions dès le milieu des années 1930. Mey Rahola a notamment été remarquée par l’influent Groupe photographique de Catalogne et s’est liée d’amitié à cette occasion avec le photographe catalan Antoni Campañà (1906-1989). Avec lui, elle voyage à travers l’Espagne au long de l’été 1936, réalisant un important album de photographies qui montrent des femmes au travail, à l’exemple de la Femme en Guarromáan.

Durant la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale, Mey Rahola fut photographe professionnelle, réalisant de remarquables prises de vue telle la Queue pour le pain (1937). L’atmosphère en apparence tranquille qui se dégage de ses photographies, malgré des conditions de vie difficiles, entre la guerre et la vie rurale, souligne la capacité de leur autrice à extraire la beauté de la vie quotidienne en toutes circonstances.

Mais l’artiste s’est s’exilée en France après ces conflits, ce qui a brusquement mis fin à sa prometteuse carrière sur la scène photographique espagnole. Installée dans la région lyonnaise puis à Vaucresson (Hauts-de-Seine), elle poursuivra la photographie à l’occasion de ses voyages mais cessera toute activité professionnelle. Les vues témoignant de cette période sont empreintes de légèreté, présentant toujours des scènes de la vie quotidienne, comme sa remarquable série de 1946 du « Marché de Vic ».