Bassano del Grappa et Possagno s’unissent pour présenter une grande rétrospective de l’œuvre du sculpteur italien Antonio Canova.
BASSANO DEL GRAPPA/POSSAGNO - Sergej Androssov, Mario Guderzo et Giuseppe Pavanello, les commissaires de l’exposition « Canova » – qui se tient actuellement au Museo Civico de Bassano del Grappa et à la Gypsothèque de Possagno, une ville au nord-ouest de Venise –, ont souhaité donner un sens historique à l’œuvre de l’artiste, et surtout rendre compte de son mode de travail. Ainsi le musée de Bassano del Grappa, qui conserve la plus grande partie des dessins, lettres et documents du sculpteur, est-il le lieu idéal pour une telle approche. Le Musée de Possagno, qu’abrite la maison natale de l’artiste, présente pour sa part 16 peintures à l’huile, esquisses des modèles en marbre, et 34 détrempes sur fond noir, fameux exemples de sa légèreté rococo. La ville de Possagno possède non seulement une célèbre gypsothèque qui rassemble des modèles, reliefs et 152 plâtres, mais aussi le temple renfermant la dépouille de l’artiste.
L’exposition comprend l’esquisse des Trois Grâces de Canova, une terre cuite haute de 70 centimètres, que la municipalité de Bassano del Grappa et la Fondation Canova ont acquise en exerçant leur droit de préemption. Le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, qui s’est associé à l’organisation de la manifestation, prête à cette occasion des pièces majeures comme l’Amour ailé, Amour et Psyché, la Danseuse avec les mains sur les hanches ainsi que la Madeleine pénitente, laquelle est confrontée à sa version génoise. La Polymnie de la Hofburg de Vienne, portrait d’Elisa Bonaparte transformée en muse à la chute de Napoléon, côtoie la Terpsichore de la Fondation Magnani-Rocca de Mamiano di Traversetolo de Parme. La troisième version d’Hébé, de la Pinacothèque municipale de Forlì, évoque également la légèreté d’une danseuse. Le thème de la Vénus, si cher à l’artiste, est illustré par l’œuvre de la City Art Gallery de Leeds ainsi que par la Nymphe endormie du Victoria & Albert Museum de Londres, sculpture qui rend hommage à la Vénus endormie de Giorgione de la Gemäldegalerie de Dresde. Le Musée Correr de Venise, où la dernière rétrospective du sculpteur s’est tenue en 1992, a confié le groupe Orphée et Eurydice.
Morceau de choix, la statue de la Paix, provenant du Musée Bogdan et Varvara Khanenko de Kiev, fut commandée à Canova en 1811 par Nicolaj Rumianzev, conseiller et ministre du tsar, pour célébrer l’activité diplomatique de sa famille. Une triple inscription en français était prévue sur le monument, mais, après la campagne napoléonienne contre Moscou, la langue russe fut préférée au français. Toutefois, au moment où Canova terminait son modèle en plâtre, en 1814, le choix s’arrêta sur le latin, langue universelle.
Le musée de Bassano accueille la section la plus importante de l’exposition, dans laquelle est exacerbée la sensualité des chefs-d’œuvre tout en révélant la valeur scientifique des documents, lettres et autres dessins. La présentation bénéficie enfin de bornes sonores qui tentent de reconstituer les « voix » de l’époque.
Jusqu’au 12 avril 2004, Museo Civico, Piazza Garibaldi, Bassano del Grappa, tél. 39 0424 522 235, et Gypsothèque, 84 via Antonio Canova, Possagno, tél. 39 0423 544 323, tlj 9h-19h, www.mostracanova.it, billets en prévente au 39 0424 600 437.
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La grâce de Canova revisitée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°182 du 5 décembre 2003, avec le titre suivant : La grâce de Canova revisitée