PARIS
La profonde empathie du photographe pour ses modèles s’exprime dans ses portraits, témoignages de la vitalité des habitants de Bamako.
Paris. Le 14 avril 2016 disparaissait à l’âge de 81 ans Malick Sidibé. « La Fondation Cartier lui rend hommage », explique Hervé Chandès, son directeur. En 1995 déjà, l’institution avait organisé la première monographie du photographe malien hors du continent Africain. André Magnin, qui n’avait pas encore créé sa galerie, s’en était vu confier le commissariat comme c’est le cas à nouveau aujourd’hui, en collaboration avec la journaliste Brigitte Ollier, fine connaisseuse du travail du photographe. Dans le catalogue de l’exposition (Éditions Xavier Barral), Robert Storr, directeur de la Biennale de Venise 2007 lors de laquelle Malick Sidibé se vit décerner un Lion d’or, rappelle le rôle du spécialiste de la photographie africaine dans la célébrité du photographe malien, à l’instar de celle de Seydou Keïta, son aîné. « Tous deux sortirent de l’ombre en grande partie grâce aux initiatives dynamiques d’André Magnin, à qui l’on doit principalement d’avoir défini de nouveaux paramètres permettant d’obtenir des tirages plus grands et des valeurs plus précises. Au début des années 2000, Malick Sidibé et Seydou Keïta étaient célèbres dans le monde entier et leurs œuvres – dans leurs versions agrandies aux contrastes marqués – étaient activement recherchées par les musées comme par les collectionneurs. »
Vingt-deux ans après sa première exposition, la rétrospective actuelle ne recouvre pas les mêmes enjeux. Les portraits de studio ou des fêtes bamakoises, qui ont rendu Sidibé célèbre, n’ont pas besoin de trouver leur légitimité et leur place dans le panthéon des photographies marquantes du XXe siècle. Le retour effectué sur ces images peut laisser libre court à leur éloquence, ainsi que l’indique le titre, « Malick Sidibé Mali Twist ». Malick Sidibé « ambiance », comme on dit au Mali. Et le portrait du photographe malien que ses œuvres dessinent en creux traduit la gaieté et la profonde empathie vis-à-vis de ceux qui entraient dans son studio ou swinguaient sur une piste de danse. Le film documentaire Dolce Vita Africana, réalisé par Cosima Spender sur Sidibé en 2008 et projeté en fin de parcours, l’exprime merveilleusement et rappelle la place toujours aussi importante en Afrique des soirées ou des après-midi passées à danser toutes générations confondues sur les tubes du moment.
Du vintage petit format aux bords dentelés au tirage moderne et son lot d’inédits, le panorama s’élargit à d’autres visages, d’autres scènes. Pour sortir de cette image de maître de la photographie de studio (invariablement véhiculée sur les photographes de l’Afrique de l’Ouest jusqu’à les enfermer dans le genre), il faut toutefois descendre au sous-sol de la Fondation. Les sorties de la jeunesse bamakoise offrent là des scènes extérieures de pique-niques, de jeux et de baignades dans le fleuve Niger ou à la piscine tout aussi réjouissantes à contempler.
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À la Fondation Cartier, Malick Sidibé ambiance
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : À la Fondation Cartier, Malick Sidibé ambiance