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Paris-13e

La fin d’un monde, le début d’un autre

Bibliothèque nationale de France – Jusqu’au 8 juin

Par Marion Krauze · L'ŒIL

Le 19 mars 2025 - 307 mots

Du Moyen-âge À Nos Jours -  Catastrophe, désastre, fin du monde… Le terme d’apocalypse convoque un bien sombre imaginaire, qui cristallise les peurs et angoisses d’une époque.

Pourtant, sa connotation négative diverge du sens premier du mot : celui d’une « révélation de Dieu ». Aux premiers temps du christianisme, l’Apocalypse de Jean annonce l’avènement d’un nouveau monde, le royaume de Dieu, après que de multiples fléaux se sont abattus sur le monde corrompu par le mal. L’exposition de la BNF s’ancre dans ce grand récit visionnaire, en explorant son extraordinaire fortune dans les arts et la manière dont il a été réinterprété au fil des siècles. Car de fait, l’Apocalypse nourrit les imaginaires. Dès le Moyen Âge, l’hermétisme du texte biblique inspire les artistes : du Beatus de Saint-Sever précieusement enluminé aux peintures abstraites de Vassily Kandinsky, des fragments de la tenture du château d’Angers aux tapisseries de l’artiste américaine Kiki Smith, en passant par les célèbres gravures de Dürer et les innombrables représentations du Jugement Dernier. La fascination qu’exercent de telles images est incontestable. Mais le récit allégorique laisse aussi place à une compréhension plus « catastrophiste » de l’apocalypse, qui entre en résonance avec les épreuves du temps présent. Dans les visions terribles des châtiments divins, transparaissent les malheurs de la guerre, de la famine, les catastrophes naturelles et politiques. Sous le pinceau d’Otto Dix, les fléaux apocalyptiques reflètent les atrocités de la Première Guerre mondiale. Sous celui de l’écrivaine et peintre Ceija Stojka, l’horreur des camps nazis. L’apocalypse s’enracine dans une urgence plus actuelle, celle de la menace nucléaire, du dérèglement climatique. Mais comme dans la vision de Jean, l’exposition se clôt sur une lueur d’espoir, alors que les artistes explorent les possibilités d’un « jour d’après ». Des œuvres qui laissent voir non pas la fin du monde mais la fin d’un monde, signant les prémices d’une nouvelle ère.

« Apocalypse. Hier et demain »,
Bibliothèque nationale de France, Quai François-Mauriac, Paris-13e, www.bnf.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : La fin d’un monde, le début d’un autre

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