« La couleur, c’est un moyen de sculpter ce que je vois », expliquait Harry Gruyaert lors de la très belle monographie que lui consacra, en 2019, l’Hôtel départemental des arts du Var, à Toulon.
On y repense devant les quatre-vingts tirages Cibachrome, réalisés de 1974 à 1996 et rassemblés au Bal. Au cours de ces deux décennies, son rapport à la couleur l’a rangé parmi les photographes marquants dans ce registre, mais non comme « un des pionniers », contrairement à ce qu’on peut lire au début de l’exposition. Car, dès son invention, la couleur a fasciné par le jeu sur la matière, les lignes et formes graphiques que l’on pouvait faire ressortir comme en peinture. Son approche chromatique, Harry Gruayert l’a développée, en Belgique notamment, au cours de ses différents allers-retours entre son pays natal et Paris, où il s’est installé au début des années 1970. Il n’a pas encore vu alors l’exposition de William Eggleston au MoMA à New York, qui le confirmera dans sa démarche de « capter l’essence des lieux par les couleurs propres à chacun et l’émotion qu’[il]éprouve ». Belgique, New York, Inde, Maroc ou Russie avant l’éclatement du l’Union soviétique : chaque pays développe sa propre palette de couleurs, de lumières et de vibrations. Il capte ce qu’il voit, ressent. La peinture et le cinéma ont formé son œil, l’intuition et la jouissance de « réaliser une composition qui a du sens » le guident. Il ne cherche pas à documenter. Pour lui, « un être n’est pas plus important qu’un arbre, une voiture, un mur ou un objet. Il participe à la composition ». Couleur et émotion vont de pair. Pour le regardeur de ces Cibachrome aussi.
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La fascination pour les couleurs d’Harry Gruyaert
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : La fascination pour les couleurs d’Harry Gruyaert