Dans les années 1890, la danse connaît en Occident une véritable révolution esthétique, devenant un art à part entière tandis qu’elle était considérée comme un divertissement populaire.
Cette émancipation n’échappe pas à Auguste Rodin qui se passionne pour ces nouvelles explorations du corps en mouvement qu’initient Isadora Duncan, Loïe Fuller, Hanako, Carmen Damedoz, Vaslav Nijinski, Ruth Saint Denis, les danseuses du ballet royal du Cambodge ou encore Alda Moreno, danseuse et acrobate qui lui servira de modèle pour réaliser les treize Mouvements de danse, véritable répertoire de mouvements dont les moules originaux et les exemplaires en terre cuite sont exposés au centre de l’exposition « Rodin et la danse » au Musée Rodin, avec des explications précises sur l’utilisation qu’en faisait le sculpteur. À cette illustration du processus de travail de Rodin sur le mouvement dansé s’ajoutent de nombreux dessins dont les changements d’orientation révèlent les points communs à la sculpture et à la danse : jeux d’équilibre et de gravité. Concise et aérée, la sélection d’œuvres faite par la commissaire Christine Lancestremère apporte un autre éclairage tout aussi captivant sur la collection personnelle de l’artiste, témoignant de ses sources d’inspiration. On y découvre ainsi de nombreuses photographies d’interprètes et de chorégraphes que possédait Rodin, ainsi que des fragments de sculptures et objets en os antiques qu’il rapprochait de la danse de son époque, fasciné par la liberté du mouvement qu’elle incarne à l’aube du XXe siècle.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : La fascination de Rodin pour la danse
