La famille élargie de Photoquai

Déjà auteur d’une édition 2014 qui s’était démarquée des précédentes, le jeune directeur du magazine Punctum impulse à nouveau une autre dynamique à la ligne éditoriale de cette biennale de photographie hors les murs en apportant deux nouveautés majeures à sa construction. L’élargissement d’abord de la sélection des travaux au monde entier et non plus aux seuls pays non occidentaux jusqu’ici de rigueur, ce qui lui a permis de retenir des auteurs issus de diasporas. L’intégration ensuite de la plateforme de photographie EyeEm dans la sélection d’un des quarante auteurs retenus pour l’édition 2015, mais aussi dans la présentation en ligne  des vingt autres photographes sélectionnés par ce biais colle à l’ambition originelle de donner une visibilité à des travaux qui échappent aux circuits institutionnels ou du marché. Résultat : une édition de grande qualité dont le thème, « Were Are Family », introduit à des histoires humaines porteuses de ce qui unit ou divise. Le rapport à la nature du peuple Shuar en Amazonie de Karen Miranda Rivadeneira, les travestis du Mexicain Luis Arturo Aguirre ou l’exubérance de la famille argentine de Cecilia Ryenoso tranchent ainsi avec le dénuement, l’isolement des filles-mères de la Marocaine Zara Samiry et l’exploitation des enfants jockeys de l’Indonésien Romi Perbawa. Au milieu du parcours et à l’intérieur du musée, au Cabinet d’arts graphiques, le focus sur les résidences hors les murs de Photoquai allouées chaque année à trois photographes concentre d’autres réalités méconnues de notre monde.