La déferlante Fluxus

Pléthore d’artistes, de documents, de posters, de sculptures, de collages alimentent l’énergie débordante de ce mouvement héritier de Dada, Marcel Duchamp et John Cage. C’est d’ailleurs sous l’augure de ces derniers que commence le parcours extrêmement dense de « Soudain l’été Fluxus ». Il faudra au visiteur du temps et de la patience pour découvrir, parmi les murs couverts d’imprimés en tous genres, la substantifique moelle de ce mouvement protéiforme apparu en 1962.
Ben Vautier est la cheville ouvrière essentielle de cet organisme élastique. Aujourd’hui encore, il est la mémoire et le gardien de Fluxus. Et la liste de ceux qui ont été Fluxus ou ont simplement croisé sa route est interminable : Joseph Beuys, George Brecht, Robert Filliou, Dick Higgins, Ray Johnson, Milan Knizak, Alison Knowles, George Maciunas, Jackson Mac Low, Charlotte Moorman, Yoko Ono, Nam June Paik, Ben Patterson, Willem de Ridder, Mieko Shiomi, Wolf Vostell, Robert Watts, Emmett Williams, La Monte Young, Henry Flint, Jacques Lizène.
Si l’exposition se révèle jubilatoire par la somme d’entrées qu’elle offre, elle peine cependant à ne pas perdre un spectateur moins averti qui retiendra la propension du groupe à la provocation, au dilettantisme et la réactivité performative quasi sans égale. C’est à Ben que revient le mot de la fin, découvert sur la mezzanine du Passage de Retz : « Fluxus aurait aimé être un cactus dans le cul de l’art ». À bon entendeur…