Feu d’artifice coloré à la Fondation
Pierre Gianadda.
MARTIGNY (SUISSE) - Depuis trente ans, Werner et Gabrielle Merzbacher prêtent les tableaux de leur collection à la Fondation Pierre Gianadda : un Matisse, un Derain, ou encore l’une des nombreuses toiles expressionnistes qu’ils possèdent. Le couple de collectionneurs suisses fut parmi les premiers à apprécier les tons stridents des œuvres de Kirchner ou Jawlensky, pas encore au goût du public. La couleur est restée depuis leur seule politique d’acquisition. Une quête joyeuse qu’ils ont poursuivie toute leur vie, véritable pied de nez au sombre passé du petit Werner Merzbacher, né dans une famille juive d’Allemagne à la fin des années 1920 et dont les parents moururent dans les camps.
Pas de cartels explicatifs
Restés discrets durant des décennies, les Merzbacher sortent depuis une quinzaine d’années de l’anonymat en présentant leur collection à travers le monde (au Japon en 2001, à Londres en 2002, à Zurich en 2006, en Louisiane en 2010). À Martigny, leurs œuvres habituellement distillées au compte-gouttes lors d’expositions temporaires investissent pour l’occasion l’intégralité des murs de la Fondation Gianadda. Véritable feu d’artifice sur les cimaises grises de ce sanctuaire de béton, l’accrochage fait se côtoyer les plus grands noms du début du XXe siècle. Régnant sur la couleur, Kandinsky trône au centre, encadré par Matisse, Derain, Vlaminck et autres fauves. À leur droite Jawlensky, Gontcharova, Malevitch, Beckmann ; à leur gauche Picasso, Monet, Feininger, Kirchner. Et la liste n’est pas exhaustive. Dans une salle attenante, de poétiques petites aquarelles et huiles sur carton de Paul Klee dialoguent avec des mobiles de Calder. C’est justement sur cet échange, sur cette parenté entre mouvements qui existe parfois « en dépit des distances géographiques », qu’entend insister l’exposition. En l’absence de panneaux explicatifs, les confrontations restent cependant uniquement visuelles. Le visiteur peut certes observer le lien qui existe entre les toiles des fauves français et celles des avant-gardes russes, mais à lui seul ensuite de tenter de le comprendre. Le plaisir est ailleurs, dans la délectation esthétique pure. Werner Merzbacher l’affirme lui-même : « Je ne suis pas historien d’art et n’ai jamais étudié l’histoire de l’art. Pour moi les œuvres doivent éveiller des émotions pointues dans un monde souvent difficile, faire éprouver de la joie de vivre et oublier la crise. »
- Commissariat général : Jean-Louis Prat
- Nombre d’œuvres : 100
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La couleur, seule
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 25 novembre. Fondation Pierre Gianadda, rue du Forum 59, Martigny (Suisse), tél. (0041) 27 722 39 78, www.gianadda.ch, tous les jours, 9h-19h. Catalogue édité par la Fondation Pierre Gianadda, 264 p., 37,50 euros, ISBN : 978-2-88443-140-8
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°374 du 7 septembre 2012, avec le titre suivant : La couleur, seule