Art moderne

XIXE SIÈCLE

La collection Ordrupgaard fait étape En Suisse

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 27 février 2019 - 514 mots

MARTIGNY / SUISSE

La Fondation Gianadda accueille 60 œuvres plus ou moins impressionnistes de la collection danoise dans une configuration inédite.

Martigny.À la fondation qu’il a créée il y a quarante ans en mémoire de son frère et qui a dépassé les 10 millions d’entrées, Léonard Gianadda espère de nombreux visiteurs pour sa nouvelle exposition. Elle s’intitule « Trésors impressionnistes », mais les affiches annoncent aussi Degas, Cézanne, Gauguin et Matisse. Les 60 tableaux proviennent de la galerie française de la collection Ordrupgaard, un musée proche de Copenhague (Danemark) conservant les œuvres léguées par les Hansen. Wilhelm Hansen (1868-1936) était fou de peinture française du XIXe siècle et voulait en montrer toute la variété à ses compatriotes.

Une sélection augmentée

Alors que le musée est fermé pour d’importants travaux, cette collection voyage. Hansen aimait les impressionnistes, mais pas seulement. D’ailleurs, le Musée Jacquemart-André, qui a présenté 45 toiles de ce fonds français fin 2017, avait titré son exposition « Le jardin secret des Hansen ». C’était plus proche de la vérité, sachant qu’il y avait aussi des Corot, des Daubigny père et fils, un Dupré, des Courbet, un Redon… On les retrouve à Martigny dans un ensemble plus grand comportant aussi des œuvres mineures de Delacroix, Couture, Daumier, ainsi qu’un étrange Ingres, qui a appartenu à Degas. À Padoue, où les mêmes œuvres étaient présentées à la Fondation Bano jusqu’à la fin du mois de janvier dernier, on avait aussi évité d’insister sur la chronologie étendue (de 1838 à 1909) et l’inégalité de la sélection et choisi un titre susceptible d’attirer le grand public : « Gauguin et les impressionnistes ». Les Gauguin sont là, à la grande joie des visiteurs. Et si le cadre de la Fondation Pierre Gianadda est froid, il permet de prendre du recul pour admirer les toiles et la circulation y est fluide. Comme au Musée Jacquemart-André, il est difficile de résister à Corbeille de poires (1882) de Manet, Une femme dans l’herbe (Lise Tréhot) (vers 1868) de Renoir, Le Pont de Waterloo, temps gris (1903) de Monet, La Petite rêve, étude (1881) de Gauguin, Hamlet et le fossoyeur (vers 1870-1875) de Corot ou Quai de Bercy, Paris (1885) de Guillaumin. Sont venus s’y ajouter d’autres chefs-d’œuvre comme George Sand (1838) de Delacroix, Le Moulin de la Galette, esquisse (1875-1876) de Renoir et Les Vendanges. Misères humaines (1888) de Gauguin. On regrette que les pastels de Manet, Degas et Renoir soient absents : ils sont trop fragiles pour courir le monde. Mais un magnifique fragment de Manet est présenté, Femme avec une cruche (Susanne Leenhof, plus tard Manet) (1858-1860).

La conformation de l’espace de présentation (un atrium entouré d’alvéoles) rend difficile la répartition des œuvres. Si elles obéissent à un classement thématique dans le catalogue, elles sont plutôt réunies par artiste dans l’exposition, avec des bémols : les Gauguin, par exemple, sont disposés en deux parties, de chaque côté des Pissarro… Dans l’atrium se font face deux grands formats, Le Change, épisode de chasse au chevreuil (Franche-Comté) (1866) de Courbet et Pleine mer, temps gris (1874) de Charles-François Daubigny, que le public peut admirer avec le recul nécessaire.

Trésors impressionnistes. La collection Ordrupgaard,
jusqu’au 16 juin, Fondation Pierre Gianadda, 59 rue du Forum, 1920 Martigny (Suisse).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°518 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : La collection Ordrupgaard Fait étape En Suisse

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